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lundi 21 mai 2012

Le Printemps Congolais : ce que je propose

Vous le savez, en parlant de Printemps Congolais je ne pense pas aux saisons : il est clair que le climat équatorial et tropical de la RDC ne risque pas de se transformer demain en un climat tempéré… Le terme « Printemps » désigne la révolution, à l’instar des révolutions qui bouleversent le monde arabe depuis plus d’une année maintenant, et qui ont vu chuter des dictateurs que l’on aurait pu croire indéboulonnables tels Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte. 

Pour la petite histoire, l’usage du terme « Printemps » pour désigner une révolution politique et ou sociale n’est pas l’apanage des révoltes arabes de 2011. Pour ce que je sais, il a été utilisé depuis le milieu du XXème siècle pour désigner d’autres révolutions en Europe (exemple : le Printemps de Prague en 1968). 

 Une révolution, pourquoi et par qui ? 

Dans un billet publié sur ce blog il y a de cela quelques semaines, je demandais « à quand le Printemps congolais », en essayant d’analyser l’attitude de la population congolaise à la suite du fiasco électoral organisé auquel on a assisté en novembre dernier. Constatant que ce simulacre d’élections avaient été sérieusement critiquées par tous les observateurs indépendants, nationaux et internationaux, et même décriées par certaines puissances occidentales, je fustigeais le fait que les Congolais n’aient pas été en mesure de lire les signes du temps et de prendre les choses en main afin d’obtenir que ces élections soient réorganisées à nouveau, ou, tout au moins, que les résultats sortis des urnes soient comptabilisés dans la transparence. 

S’il m’était demandé à moi de répondre à la question de savoir à quand le Printemps Congolais, je répondrais sans hésiter par MAINTENANT, parce que c’est mon vœu le plus ardent. Hélas, je ne suis pas naïf. Je sais que ce n’est pas possible aujourd’hui, étant donné l’état d’esprit de ceux qui pourraient conduire la révolution, je veux dire la jeunesse. Les jeunes Congolais sont, pour la plupart, soit inconscients de leur responsabilité face à l’incapacité des dirigeants Congolais successifs depuis 52 ans à assurer la paix et le progrès de la Nation, soit ignorants de leur pouvoir s’ils pouvaient s’élever comme un seul homme et prendre en main leur destin. La révolution est et sera un processus plus ou moins long suivant le rythme auquel cette conscience s’éveillera. 

La RDC est un pays tellement corrompu, tellement ruiné jusque dans ses racines que pour son décollage, il ne suffira jamais d’un simple changement de régime (surtout pas par la voie des élections, sauf miracle), ni d’une simple réforme dans tel ou tel domaine. Il lui faut un changement radical et très profond ; une sorte de cure de désintoxication sur une certaine période. Les plus sincères des personnes avec qui je discute souvent admettent, par exemple, qu’il faudrait restaurer la chicotte. C’est un peu exagéré, j’en conviens, mais c’est comme pour dire que le changement ne viendra pas sans la rigueur, la sanction ; sans un Etat fort et impitoyable envers le crime ordinaire ou économique ; des fonctionnaires assidus ; une armée et une police loyales et disciplinées ; etc. 

La révolution est donc non seulement impérieuse, mais aussi urgente. Car, voyez-vous, le pays est comme otage d’un petit groupe de personnes et d’entreprises dont l’unique devise semble être : « Gagner le plus possible, à n’importe quel prix, la Nation on s’en moque » ; une sorte de mafia qui créent et exploitent les divisions tribales, souvent au prix du sang et des larmes, qui affiche un mépris inqualifiable pour les lois de la République, qui a entretient à dessein le peuple dans la pauvreté et la dépendance les plus absurdes, qui laisse vivre les gens dans des conditions telles que la mort latente est la seule certitude, … La révolution est impérieuse d’autant plus que toute la classe politique actuelle (soi-disant Majorité comme Opposition) est pourrie, à peu d’exception près, et n’a d’autre idéal que s’enrichir et se maintenir au pouvoir pour les uns, accéder au pouvoir et s’enrichir pour les autres. L’agitation de l’Opposition ces dernières semaines autour de la distribution des postes au gouvernement et au bureau de l’Assemblée nationale est assez révélatrice à ce sujet. 

Enfin, la révolution est impérieuse et urgente parce que personne ne se préoccupe vraiment de la jeunesse congolaise, et qu’il lui appartient à elle-même de s’assumer si elle veut se donner un avenir meilleur. Je la crois capable de cela, et je l’exhorte à s’y mettre dès à présent. Les temps sont propices aux changements radicaux dans le monde, y compris en  Afrique des Grands Lacs. Il ne faudrait pas que la jeunesse congolaise rate cette opportunité. Elle a tout intérêt, parce qu’elle ne peut raisonnablement attendre le changement ni de ses dirigeants actuels (ils s’en moquent), ni de l’Occident (tant que ses intérêts ne l’exigent pas), ni de la providence (c’est trop naïf de croire à la manne tombant du ciel).      

Une révolution, par qui ? 

La révolution nécessite un meneur, un leader qui soit un homme (ou une femme !) de caractère, intelligent, dévoué à la cause de la Nation, éclairé, intrépide, rigoureux, intègre et visionnaire. Une personne capable de réunir les Congolais et de les remettre au travail, d’impulser le fonctionnement régulier et optimal des institutions de la République, de drainer le développement de la Nation, tout en se soumettant lui-même aux exigences de la démocratie et de la République.   

Le 17 mai, la RDC a commémoré les quinze ans de la chute de Mobutu et de la « libération » du Zaïre. L’événement avait tout l’air d’une révolution, un « Printemps ». Mais Mzee L.D. Kabila (paix à son âme) n’a pas vécu bien longtemps pour parachever l’œuvre qu’il avait courageusement commencée. Pourtant, bien qu’il ait eu quelques défauts (comme tout homme d’ailleurs), il me semble qu’il incarnait ce leader charismatique capable de mener une révolution. Mais le pleurer ne le ramènera pas à la vie. Je pense d’ailleurs que s’il pouvait, de l’au-delà, émettre quelque vœu, ce serait que les jeunes Congolais prennent son relais et poursuivent l’œuvre qu’il avait entamée au lieu de passer du temps à se recueillir sur sa tombe.
Je suis convaincu qu’il y a en chaque jeune Congolais un révolutionnaire qui s’endort. Il faut le réveiller. Il faut le bousculer. Et parmi ces révolutionnaires en herbe, il y a certainement des leaders. J’en connais certains. Il faut qu’ils se découvrent et qu’ils s’offrent, parce que la Patrie a besoin d’eux. 

Une révolution, comment ? 

Si l’on sait pourquoi et par qui, le procédé s’en trouve aisé à mettre en place. Il existe au moins deux méthodes pour engager une révolution : la méthode violente (genre Révolution française), et la méthode non-violente. En outre, une révolution peut être spontanée ou provoquée ; isolée ou assistée. (C’est ma perception, je ne suis ni historien, ni sociologue).

Pour ce qui concerne la RDC, je préconise une révolution en trois temps : 

1.      La prise de conscience : C’est une question personnelle. Il ne faut s’attendre à ce que la prise de conscience soit effective simultanément dans l’esprit de tous les Congolais. Toi qui me lis, examine ta situation, vois si elle te convient ou pas, sonde les raisons qui militent à ce qu’elle perdure, et songe à ce que je te suggère pour retourner les choses.

2.      L’engagement : En second lieu, prends la résolution que les choses doivent changer, et que le changement commence par toi. Engage-toi à ne plus être le même : ni acteur, ni victime passive de la corruption, de la tricherie, de l’injustice, de l’intolérance, et de tous ces antivaleurs qui gangrènent notre société. Evite, dénonce, lutte avec ta dernière énergie. Et tâche surtout de sensibiliser les autres autour de toi : tes frères et sœurs, tes amis, tes collègues, voire tes supérieurs, tes collaborateurs, tes subalternes, … Si tu te crois assez intègre, ne laisse plus des médiocres te diriger, ne dénigre pas et n’évite pas la politique : entres-y et change-là ; n’attends pas que quelqu’un d’autre fasse à ta place ce que tu peux ou dois faire ; ne laisse pas le tribalisme et les préjugés te dominer. Sans le plus objectif possible dans tes jugements et tes choix ; essaies d’être le modèle à suivre dans ta famille, ton milieu d’étude ou ton cadre professionnel ; respecte le temps et la parole donnée ; crains le déshonneur et abhorre la trahison ; sois intègre et irréprochable ; reste modeste et discret. Fais bien les moindres de tes devoirs sans songer à la récompense…

3.      L’action : On te refuse un droit, tu te tais ; on te crache au visage, tu t’essuies ; on t’intimide, tu renonces ; on t’arrache ta propriété, tu cèdes ; tu veux « éviter des ennuis », tu ne veux pas paraître dans les manifestations publiques, tu veux préserver ta petite vie, tu te dis « qu’ils prennent pourvu qu’ils me laissent tranquilles ». Tu es complice de la situation que la RDC traverse. L’action, c’est tout le contraire. Cesse de regarder ta « petite vie », parce qu’il y a au-delà d’elle une Nation à promouvoir, un avenir à assurer pour toi-même, et sinon pour ta descendance. Le droit et la liberté ne te seront jamais donnés pour des noix épluchées sur un plateau. Tu dois lutter, sans ménagement, sans lésiner, en sacrifiant de ton temps, de ton énergie, et peut-être de ta vie. C’est la condition sine qua non de ta dignité, de ton honneur, et du renouveau de la RDC. Tu auras appris qu’aucune révolution n’est possible sans sacrifices, sans martyrs. Et ne soit pas égoïste au point de penser qu’il y a d’autres qui sont faits pour se sacrifier à ta place.  

Si chacun suit ces trois prescriptions, je suis persuadé que la révolution ne tardera pas à venir. Le changement de régime ou l’amendement des autorités viendront de soi, et je ne sais de quelle manière. Mais ils viendront à coup sûr. J’insiste, c’est avant tout une affaire personnelle. Mais la somme des citoyens fait la Nation. En conséquence, la somme de gens intègres, consciencieux, engagés et actifs donne une Nation digne et fière, qui ne peut supporter un pouvoir corrompu et insouciant. 

Avant de finir, j’aimerais revenir sur la prise de conscience pour souligner le rôle que devraient jouer les associations diverses, les églises, les clubs sportifs, les écoles et les universités, en famille ; et la responsabilité à cet effet des parents et des leaders d’opinion (artistes, journalistes, les autorités traditionnelles, les animateurs communautaires, les stars de la chanson ou du sport, les pasteurs, les enseignants, les médecins et infirmiers, les syndicats, …). Les moyens pour y parvenir sont multiples : les médias traditionnels (radio, télévision et journaux écrits), les clubs de réflexion et d’échange, les tracts, le théâtre et les arts vivants, l’écriture, et surtout Internet et ses diverses possibilités : blogs, forums, …). Alors, qu’attends-tu ? Révolte-toi ! Il y a de quoi…

jeudi 17 mai 2012

La "libération" du Zaïre, 15 ans après...


17 mai 1997 - 17 mai 2012, cela fait quinze ans, jour pour jour depuis que l'Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDL) mettait fin au règne du Maréchal Mobutu Sese Seko, après une guerre de seulement quelques mois, lancée depuis les maquis du Sud-Kivu.

L'armée de kadogos (enfants soldats recrutés au fur et à mesure de la bataille vers Kinshasa), soutenue par les armées rwandaise et ougandaise entrait triomphalement à Kinshasa, tandis que le vieux Mobutu prenait le chemin de l'exile, comble de l'humiliation qu'il venait de subir. Les Zaïrois ont accueilli Laurent Désiré Kabila comme un sauveur, un libérateur des trente années de règne de Mobutu.

Je ne souhaite pas m'attarder sur les mérites et les ratés du Mzee et de son AFDL, car le fait que cet événement a été vécu à juste titre comme un tournant majeur dans leur histoire, et jusqu'au jour la majorité des Congolais de tous bords considèrent L.D. Kabila comme un véritable révolutionnaire visionnaire et patriote.

L'unique question que je considère comme essentielle, à ce jour anniversaire, c'est celle de savoir l'héritage qu'il reste au Congolais de cette lutte juste contre la dictature légendaire de Mobutu, lutte qui aura en fin de compte coûté cher aux Congolais, en plus de susciter en eux un espoir inédit et incommensurable.

L.D. Kabila n'a pas vécu assez longtemps, mais à l'avènement de son fils au pouvoir en 2001, nombreux sont ceux qui ont eu la naïveté qu'il serait au moins pareil à son père, en termes de leadership et d'actions révolutionnaires. Ils ont dû déchanter eu fil des années, et je me réjouis qu'il n'en reste pas beaucoup (hormis peut-être sa petite famille et quelques naïfs - j'allais dire quelques aveugles).

Certes, L.D. Kabila n'avait rien d'un démocrate - et Dieu sait si c'est de démocratie (à l'occidental) qu'il faut - mais il a su, en très peu de temps, donner l'impression que les choses pouvaient évoluer positivement, et que le Congolais pouvait recouvrer sa dignité, se remettre au travail, et prospérer. Cela allait-il durer? Là n'est pas mon propos.

Son fils, par contre, a contribué à tout remettre à néant, avec l'excuse bienveillante des rébellions successives (dont la dernière en cours du M23 !). Il peut se targuer d'avoir réunifié le pays, mais cela ne suffit pas: à mes yeux (et j'espère aux yeux de la majorité des Congolais) il devait plus : réunifier le pays, pouvoir consolider cette unité, mais aussi construire son économie, ses infrastructures, ses institutions (surtout), ses systèmes éducatif et sanitaire, ...

Même sur le plan idéologique, je puis parier la perception que les Congolais ont aujourd'hui de leur avenir est loin, très loin d'égaler celle qu'ils avaient en 1997 - 1998, avant le début des sinistres rébellions du RCD et du MLC. Or, cette espérance est essentielle, en ce qu'elle joue un rôle de leitmotiv, de stimulant. Le leadership de L.D. Kabila avait ceci de magique qu'il était parvenu à remettre les gens sur la voie du travail et de l'abnégation, de l'amour et du don de la patrie. L'autorité de l'Etat avait été rétablie en un rien de temps, contrairement aux slogans que les autres balancent à longueur des journées, sans les accompagner d'aucune action concrète et cohérente. Il était brutal, me diront certains. La méthode est discutable, mais permettez-moi de voir les résultats. Franchement, les maux congolais sont si enracinés et si nombreux qu'on ne peut pas les traiter avec la simple carotte. Il faut la chicotte. Hélas, après Kabila L.D., on a eu droit - jusqu'à présent - à un président aux mains molles et aux idées inconnaissables. Et vous serez d'accord que cela n'arrange rien? Bien au contraire...

 A suivre...

lundi 14 mai 2012

"On ne bâtit pas une démocratie sur du sable". Interview de Paul Kagame à Jeune Afrique.

Ci-après, je vous propose en intégralité l'interview réalisée par le journaliste François Soudan et publié par Jeune Afrique le 10 mai dernier.

Je vous laisse sentir par vous-même la différence d'avec ceux des soi-disant hommes politiques qui tâtonnent, bégaient, et parlent sans convaincre (suivez mon regard). A tout Seigneur, tout honneur ! On peut aimer ou détester Kagame, le fait est que c'est un homme plein de charisme, intelligent, et un fin politicien. Et quoi que l'on dise, l'Afrique a besoin de leaders comme lui (en ce qui est de ces qualités objectivement incontestables.

Rwanda - Paul Kagamé : "On ne bâtit pas une démocratie sur du sable"


10/05/2012 à 17h:00 Par François Soudan

Le président rwandais lors d'un meeting dans la province de l'Est, le 20 avril. Le président rwandais lors d'un meeting dans la province de l'Est, le 20 avril. © Vincent Fournier/J.A.
À la tête d'un petit pays pauvre dont les progrès économiques et sociaux sont incontestables, le chef de l'État rwandais, Paul Kagamé, développe sa conception de la bonne gouvernance. Et dévoile son visage à la fois démocrate et autoritaire.

Le pouvoir n'a pas fait grossir Paul Kagamé, au sens propre comme au sens figuré. Ce matin-là, dans la province de l'Est, à une centaine de kilomètres de Kigali, devant 50 000 personnes descendues de toutes les collines environnantes pour assister à son meeting, le président en jean noir et chemise bleue écoute humblement la voix du peuple. Derrière un micro, toute une litanie de Rwandais ordinaires défile et l'interpelle : problèmes de vaches, de terres, d'indemnités, petits conflits avec l'administration, poèmes lyriques scandés en kinyarwanda, plaies mal refermées du génocide... Kagamé répond, quand il ne convoque pas le maire, le député, madame la gouverneure ou le ministre concerné à s'exprimer à sa place. Ces derniers n'en mènent d'ailleurs pas large, le boss exigeant de leur part d'être concis, précis et convaincants. À 54 ans, cet homme que le magazine Time classe parmi les cent personnalités les plus influentes au monde et que se disputent les universités américaines pour leurs conférences inaugurales, dont le fils aîné étudie à l'Académie militaire de West Point et qui ne s'accorde d'autre distraction que le tennis ou la lecture d'ouvrages sur l'économie du développement continue douze ans après son accession à la présidence à diriger l'entreprise Rwanda comme un mwalimu - un « maître d'école », en swahili - dirigerait une classe où chaque élève disposerait de son ordinateur. Ici, tout est calme, ordre, vigilance. Point de musiques s'échappant des ngandas comme en RDC voisine, point de clameurs alcoolisées à la bière ou au vin de banane, on est chez soi, entre soi, sur son quant-à-soi, discret et travailleur au-delà du raisonnable.

Sous l'apparence de la quiétude et la chape d'une sécurité à la fois omniprésente, invisible et millimétrée, le souvenir du génocide est là, partout, tout le temps. Souvent, le visiteur de passage se sent écrasé sous le poids des morts et des non-dits. Les visages sont graves et les éclats de rire rares. Transformer au forceps, avec une dureté qui ne tient compte ni des opinions divergentes des opposants ni des états d'âme des ONG, les démons du passé en énergie créatrice et productive, tel est le pari de Paul Kagamé. À en juger par les résultats socioéconomiques, assez épatants, affichés par un pays qui fait désormais figure de modèle en ce domaine, il est en passe de réussir. La démocratie à l'occidentale, elle, attendra...

Jeune Afrique : Le 1er juillet prochain, le Rwanda indépendant aura 50 ans. Y voyez-vous matière à célébration ?

Paul Kagamé : Cela dépend de ce que vous entendez par là. C'est notre histoire, et nous devons l'assumer, avec ses parts de lumière et de tragédies. Ce sera donc une journée de réflexion, pas une occasion de festivités ou de dépenses publiques incontrôlées. Je sais qu'ailleurs sur le continent les cinquantenaires ont souvent été célébrés avec faste et réjouissances, mais nous ne nous sentons pas obligés de faire de même. En règle générale et pour des raisons évidentes d'économies, cette date est d'ailleurs fusionnée avec une autre, très rapprochée, qui marque chaque 4 juillet l'anniversaire de la libération du Rwanda des forces génocidaires. Cette année, les deux événements seront commémorés le 1er juillet, avec sobriété.

D'autant que le 1er juillet 1962 ne fut pas un jour de joie pour tous les Rwandais...

Effectivement. Il faudra donc, sans aucun esprit de revanche, replacer ce jour-là dans son moment historique.

Ce sera aussi l'occasion de réfléchir sur ce qu'est la démocratie dans le contexte rwandais. Pour vous, manifestement, la construction d'un État fort à même de dépasser les conflits communautaires passe avant le modèle démocratique occidental. Ai-je tort ?

Oui et non. Avant d'être un concept applicable partout, la démocratie doit d'abord être une réalité. Elle doit partir du peuple, le concerner dans son quotidien, dans la manière dont il gère et dirige sa vie. La démocratie n'est pas une théorie abstraite, elle est le produit d'un contexte. Regardez autour de vous : il n'y a pas de forme unique de démocratie mais des systèmes démocratiques différents, qui vont de la monarchie constitutionnelle à la représentation populaire directe. La démocratie doit être conforme aux aspirations, à l'histoire et à la culture du peuple au sein duquel elle prétend s'enraciner, sous peine de courir à l'échec. C'est ce que nous essayons de faire au Rwanda. Le Rwanda n'est ni la France, ni la Grande-Bretagne, ni la Belgique.

En Afrique, la démocratie ne se décrète pas, elle se construit, elle se prépare...

Disons qu'il existe un modèle universel de démocratie, appelons-le le modèle occidental, si cela vous arrange. Après tout, les aspirations des Rwandais ne sont pas, en termes de libertés, de représentativité et de prospérité, différentes de celles des autres peuples. Mais un modèle n'est pas un prêt-à-porter. Il faut l'adapter à celui qui le porte. Encore une fois, nous avons notre propre histoire, nos propres traditions et une organisation sociale particulière que les tragédies du siècle dernier, notamment le génocide, ont très durement traumatisées et malmenées. Toutes ces spécificités induisent un rythme de construction et une architecture démocratiques qui nous sont propres. On décrit parfois la société rwandaise comme une société moutonnière, aveugle, conduite à la baguette par un pouvoir tout droit sorti du 1984 de George Orwell. C'est stupide. Je ne suis pas un médecin qui délivre au peuple des ordonnances obligatoires sur ce qu'il doit faire ou ne pas faire en le prenant à la gorge. Ceux qui, à l'extérieur, nous dépeignent comme une sorte de fourmilière décervelée ne nous respectent pas et ne méritent pas notre respect. Nous sommes ouverts à tous les conseils en matière d'évolution démocratique, à condition qu'ils soient de bonne foi, mais nous n'aimons pas les prescriptions, encore moins les ordres.
Vendeurs de journaux devant l'Hôtel des mille collines, à Kigali.
(© Vincent Fournier pour J.A.)
Le Rwanda est souvent critiqué pour la façon avec laquelle le pouvoir conçoit le rôle des médias. À vos yeux, les médias doivent se faire l'écho des réalisations collectives et mobiliser l'opinion en faveur de l'État, plutôt que d'apprendre à la population à penser de manière critique et indépendante. La liberté de la presse vous fait-elle peur ?

Absolument pas. Il vous suffit de lire certains journaux rwandais en kinyarwanda pour vous rendre compte combien l'image d'un pouvoir muselant la presse est fausse. La critique y est fréquente, l'outrance, voire l'insulte, y sont récurrentes. Je vous ai dit que nous n'aimions pas les prescriptions : il n'y en a aucune ici en dehors des limites fixées par la loi commune à toutes les démocraties et qui sanctionnent la diffamation ou l'apologie du génocide. Pour le reste, mon opinion sur ce sujet diffère de celle que vous me prêtez. Je suis convaincu que les médias sont une institution clé pour le développement, en ce sens qu'ils aident à dépasser les dogmes par le débat et la critique. Chacun, rwandais ou étranger, est d'ailleurs libre de créer ici un journal, une radio ou une télévision, les seules contraintes étant celles du marché. Cela étant dit, je ne suis pas naïf. Autant je suis hostile à la police de la pensée et à la censure éditoriale - vous trouverez ainsi dans les librairies de Kigali des ouvrages quasi négationnistes sur le génocide en vente libre -, autant je suis contre cette tendance qu'ont beaucoup de professionnels des médias à définir selon leurs propres critères ce qu'il faut ou ne faut pas faire. Encore une fois, nous n'aimons pas les prescriptions d'où qu'elles viennent. Ce n'est pas aux médias, a fortiori étrangers, dont l'indépendance est d'ailleurs toute relative, de nous dicter la voie à suivre.

Votre pays est régulièrement loué pour son respect des critères de la bonne gouvernance. Or trois généraux et un colonel font en ce moment l'objet d'une enquête judiciaire pour leur implication présumée dans un trafic de minerais en provenance de la RD Congo. Cela ne donne-t-il pas raison aux ONG qui vous accusent de participer au pillage des richesses de votre voisin ?

Tout d'abord, je n'ai pas à me justifier, encore moins à répondre à des ONG qui feraient mieux de faire leur propre examen de conscience quant à leur rôle pendant et après le génocide. Ensuite, cette affaire démontre le contraire de ce que vous suggérez. C'est justement parce que nous avons, en termes de lutte contre la corruption, une tolérance zéro et parce que les forces de défense rwandaises obéissent à des standards moraux et professionnels parmi les plus rigoureux au monde que cette enquête a été ouverte. Enfin, n'attendez pas de moi que je commente dans le détail une procédure qui relève de la justice et d'elle seule.

Plusieurs dirigeants de l'opposition rwandaise en exil, dont votre ancien directeur de cabinet Théogène Rudasingwa, mais aussi d'anciens hauts responsables de l'armée réfugiés en Afrique du Sud, étaient des dirigeants très proches de vous. Comment expliquez-vous qu'ils vous aient en quelque sorte trahi ?

Ils ne m'ont pas trahi, ils se sont trahis eux-mêmes et ils ont trahi le peuple rwandais. Pour le reste, si certains de mes collaborateurs ne se montrent pas à la hauteur de la mission qui leur a été confiée, qu'on ne vienne pas m'en faire le reproche. J'accorde ma confiance, je délègue, mais je contrôle, je vérifie et je sanctionne les manquements. Certains ne le supportent pas et choisissent la fuite en avant plutôt que de faire face à leurs responsabilités. La nature humaine est ainsi faite... Inutile de revenir sur le dossier pénal de ces gens : il est de notoriété publique.

On est surpris par la violence des arguments employés à votre encontre. Vous seriez une sorte de Machiavel monstrueux, coupable non seulement d'avoir commandité l'assassinat de deux présidents - Habyarimana et Kabila - mais aussi l'extermination des Tutsis du Rwanda pour parvenir au pouvoir. Pourquoi suscitez-vous tant de haine ?
Je crois que seule la psychiatrie pourrait nous être d'une quelconque utilité pour répondre à votre question. Nous ne sommes plus ici dans le domaine du rationnel. Ce n'est pas de ma compétence et je n'ai ni le temps ni le désir de me plonger dans le subconscient de cerveaux malades.

Un attentat à la grenade a encore eu lieu à Kigali en janvier. Qui est responsable ?

L'enquête avance. Elle mène, comme pour les précédents actes de terrorisme de ce type, à la même matrice : une connexion entre d'ex-généraux en fuite en Afrique du sud et les génocidaires des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR] basés dans l'est de la RD Congo.

Cette conjonction entre opposants tutsis et hutus, illustrée par le récent rapprochement à Bruxelles entre le Rwandese National Congress et les Forces démocratiques unies de Victoire Ingabire - toujours détenue au Rwanda - vous inquiète-t-elle ?

Non. Elle est dans la nature des choses entre gens qui n'ont d'autres repères que la volonté de revanche. Mais elle n'a ici strictement aucun impact, ni aucune influence.

Le chef de milice tutsi Bosco Ntaganda, qui opère dans le Nord-Kivu avec le grade de général de l'armée congolaise, est poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) depuis plus de cinq ans. Êtes-vous favorable à son arrestation ?
C'est une affaire qui concerne le Congo et non le Rwanda. Deux choses, cependant : il est capital de tenir compte du contexte toujours très volatil de cette région et de connaître l'impact éventuel d'un tel événement sur l'équilibre sécuritaire. Il peut être positif, mais il peut tout aussi bien être très négatif, encore faut-il l'évaluer, ce qui n'a pas été fait. Deuxième observation : mes réserves quant au fonctionnement de la CPI et à son impartialité, que j'ai déjà maintes fois formulées, demeurent intactes.

Quelles sont vos relations avec le président Joseph Kabila ?

Bonnes. Fluides.

Pourquoi avez-vous refusé d'accorder votre agrément au nouvel ambassadeur de France proposé par Paris ?

Ne personnalisez pas votre question. C'est une décision qui relève du gouvernement, même si bien évidemment je l'assume. À l'examen, il est apparu que certains éléments, certains détails dans le curriculum vitæ de la personne proposée ne convenaient pas. Nous avons donc souhaité qu'un autre nom nous soit soumis. C'est une procédure normale, banale, je dirais routinière.

On a l'impression que quel qu'ait été le candidat proposé par Alain Juppé, votre réponse aurait été négative...

À tort. Nous savons faire le distinguo entre la France et son ministre des Affaires étrangères. Notre volonté d'avoir des relations de coopération actives et apaisées avec Paris est toujours la même.

Il n'empêche : faute d'ambassadeur, rien ne bouge. Pensez-vous que si François Hollande est élu le 6 mai la France et le Rwanda prendront enfin un nouveau départ ?

Je ne connais pas François Hollande, mais je suis ouvert, sans a priori, à poursuivre le dialogue avec le chef de l'État qu'auront élu les Français. Quel qu'il soit.
J'accorde ma confiance, je délègue, mais je contrôle, je vérifie et je sanctionne les manquements.
Vous avez été le seul Africain à vous prononcer ouvertement en faveur de l'élection de l'Américain Jim Yong Kim à la tête de la Banque mondiale. La candidate nigériane Ngozi Okonjo-Iweala ne vous convenait pas ?

Soyons précis. J'ai accueilli favorablement la nomination comme candidat de Jim Yong Kim par le président Obama, puis je l'ai félicité pour son élection. Il se trouve que je connais bien Jim et qu'il a effectué un travail remarquable au Rwanda dans le secteur de la santé : je n'allais pas cacher cela, ni l'estime que je lui porte. Mais cela ne signifie pas que je n'apprécie pas Okonjo-Iweala, que je connais également et qui a beaucoup de qualités.

Trouvez-vous normal que la Banque mondiale soit réservée à un Américain, le FMI à un Européen, et que l'Afrique demeure éternellement en marge de toutes les grandes instances internationales ?

Non. Mais je sais aussi que nous vivons dans le monde réel, pas dans le monde de nos rêves. Le constat que vous faites n'est que l'expression d'un rapport de force que l'Afrique parviendra à équilibrer à une condition : qu'elle se montre unie. Or nous ne parvenons même pas à nous entendre sur le poste de président de la Commission de l'Union africaine.

Entre Jean Ping et Nkosazana Dlamini-Zuma, quel est votre choix ?

Je choisirai le candidat que l'Afrique choisira.

Un coup d'État comme celui qui s'est produit au Mali est-il possible au Rwanda ?

Des mutins sortant de leur caserne pour marcher sur la présidence ? C'est un mauvais film, impossible à tourner ici faute d'acteurs, de réalisateur et de public. Mais ce qui s'est passé à Bamako est un peu la démonstration de ce que je vous ai dit à propos de la démocratie. Le Mali était un pays réputé démocratique et même encensé comme tel par les médias et les ONG. Or pas plus qu'on ne bâtit une maison en oubliant les fondations on ne construit une démocratie sur du sable.

À votre égard, vos compatriotes sont partagés entre l'admiration et la peur. Souvent, les deux cohabitent. La peur est-elle nécessaire à l'exercice du pouvoir ?

La peur certainement pas. Le respect, oui, absolument. Mais je doute fort que vous ayez fait un sondage scientifique pour affirmer cela. Faites-le et vous verrez que le positif l'emporte largement, dans le jugement des Rwandais, sur ce que vous croyez être de la peur.

Je ne vais pas vous reposer la question sur ce que vous comptez faire en 2017, terme de votre dernier mandat...

Effectivement. J'y ai déjà répondu cent fois. Donc, si vous ne me croyez pas, just wait and see.

Un scénario à la Poutine-Medvedev, dans lequel votre successeur jouerait le rôle de Medvedev et vous celui de Poutine, relève-t-il de la science-fiction ?

Le fait que cela se soit déjà produit en Russie démontre que ce n'est pas de la science-fiction. Mais en ce qui concerne le Rwanda, c'est de la fiction, tout simplement.
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Propos recueillis à Kigali par François Soudan

dimanche 13 mai 2012

Nord-Kivu : Le M23 lève le voile sur ses liens avec le Général Bosco Ntaganda


Dans un communiqué en réaction à l’annonce, dimanche 6 mai 2012, de la création du « Mouvement du 23 mars (M23) », le « Congrès National pour la Défense du Peuple » s’est empressé de nier tout lien avec le M23 et tous les militaires mutins, y compris le plus célèbre (et le plus redoutable ?) d’entre eux, le Général Bosco Ntaganda.

Dans le même temps, le CNDP n’a pas manqué d’appeler le gouvernement congolais et les militaires insurgés à des négociations, sans préciser sur quoi devraient porter selon lui de telles négociations si jamais elles avaient lieu.  

Les déclarations du CNDP ont surpris la plupart des observateurs avertis qui savent bien que tous les militaires insurgés qui mènent la guerre contre l’armée congolaise sont d’anciens membres du CNDP et que le cordon ombilical entre ce dernier, devenu depuis 2009 – sur le papier – un parti politique et ses « anciennes » troupes n’a jamais vraiment été rompu. Les organisations de défense des droits de l’homme locales et internationales (dont Human Rights Watch) ont toujours dénoncé la tenue, dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, d’une administration parallèle par le CNDP.

Mais au-delà de ces analyses faites par les observateurs les mieux avertis, il y a cet aveu sans appel qu’a fait samedi dernier (le 12 mai 2012) le Colonel Jean Baptiste Rudaseswa au cours d’une émission radiodiffusée sur la BBC Great Lakes. Cet officier supérieur est, d’après ses propres déclarations, un des membres fondateurs du Mouvement du 23 mars dirigé officiellement par son collègue, le Colonel Sultani Makenga. Il est à souligner que dans cette émission animée par le journaliste de la BBC Ali Yousouf M., le Colonel Rudaseswa était invité pour parler au nom du M23, et qu’il avait pour interlocuteurs le Colonel Innocent Gahizi (ancien du CNDP, lui aussi, mais qui demeure loyal aux FARDC pour le moment), Monsieur Enock Ruberangabo (notable Munyamulenge bien connu en RDC) ainsi que le député provincial élu de Masisi, Monsieur J.B. Sebishyimbo. 

A la question précise du journaliste de savoir si le Général Bosco Ntaganda était membre du M23, et si ce dernier combattait à ses côtés, la réponse du Colonel Rudaseswa a été on ne peut plus claire, tranchant nettement avec les dénégations véhiculées jusqu’ici par d’autres membres du mouvement, dont le Colonel Sultani Makenga lui-même, ou encore le porte-parole du M23 le Colonel Vianney Kazarama. Voici la réponse donnée par le Colonel Rudaseswa (dont les propos n’ont pas été démentis par qui que ce soit) : « Le Général Bosco Ntaganda est notre frère. Il a beaucoup fait pour le mouvement, et je ne peux pas dire que nous ne savons pas où il se trouve. Nous savons où il se trouve, il est avec nous, et il n’y a aucune raison pour que nous ne le protégions pas ».
 
Acculé par le journaliste pour savoir pourquoi ils avaient préféré placer Sultani Makenga à la tête du mouvement plutôt que Bosco Ntaganda, Rudaseswa a répondu : « En raison des circonstances et du contexte du moment, nous avons jugé que le Colonel Makenga était le mieux placé pour conduire le Mouvement ». 

Ces affirmations du cofondateur du M23 tranchent avec les dénis formels du porte-parole du M23, le Colonel Kazarama qui, vraisemblablement plus habile et plus stratège que son collègue d’arme, avait déclaré sur une radio de Goma il ya quelques jours que Bosco Ntaganda ne faisait pas partie du M23, et qu’ils n’étaient pas avec lui, insinuant que leurs revendications ne se rapportaient pas au statuts de Ntaganda, mais strictement à des points des accords du 23 mars 2009 qui n’auraient pas été satisfaits par la partie gouvernementale.

Les jeux sont clairs

Sous réserve de ce que le gouvernement pourrait avoir comme responsabilités dans cette affaire, je relève les points majeurs suivants :
·         Les accords du 23 mars dont se prévalent les membres du M23 ont été signés entre le CNDP (dont ils étaient membres à l’époque) et le gouvernement de la RDC. Puisque le CNDP existe toujours, et participe de surcroît à la coalition au pouvoir, n’était-il pas logique que ce soit lui (le CNDP) qui fasse les revendications par rapport à la mise en œuvre de ces accords, plutôt qu’un mouvement qui, juridiquement, est tiers à cet égard ?
·         Le M23 revendique désormais être avec le Général Ntaganda et combattre à ses côtés. Or, chacun sait, sauf hypocrisie ou mauvaise foi, que Ntaganda est, depuis la mise sur la touche de Laurent Nkunda, le maître-à-décider du CNDP. (De l’aveu même de certains des officiers issus du CNDP – dont le Colonel Innocent Gahizi – Ntaganda est celui qui a toujours « nommé » les dirigeants du CNDP depuis Gafishi jusqu’à l’actuel Mwangachuchu, en passant par le Docteur Kamanzi ; il est celui qui dicte la conduite et la position, qui propose les grades, les affectations, etc. Ce n’est un secret pour personne). Autrement dit, le M23 est avec le CNDP, s’il n’est du CNDP.
·         Le CNDP appuie implicitement les revendications du M23. Il ne s’est jamais vraiment désolidarisé d’avec les militaires « insurgés ». Au contraire, certaines indiscrétions parlent des contacts réguliers entre les dirigeants (politiques) du CNDP avec les militaires « insurgés ». 

De mon point de vue, le M23, pour peu que ce ne soit pas un montage dont il se peut que certains des architectes se trouvent à Kinshasa même, n’est que l’aile politique remodelée du CNDP pour donner du tonus à ses revendications politiques. Il faut se rappeler que le CNDP n’a gagné aucun poste lors des dernières élections contestées de novembre 2011, et que le seul endroit où il espérait en gagner quelques-uns (non sans l’aide, encore une fois, des militaires lui restés fidèles), c’est le territoire de Masisi. Or, les fraudes et les irrégularités y ont été si graves que la CENI elle-même, quoique capable de miracles, n’a pas trouvé mieux que d’annuler tous les résultats des élections dans cette contrée. 

Par ailleurs, le CNDP n’a jamais été d’accord avec le déploiement de ses militaires dans d’autres provinces, prétextant qu’ils n’y seraient pas en sécurité, de même que leurs familles qui n’auraient qu’eux pour les protéger contre les attaques des FDLR. (Je dis « ses militaires » parce que, aussi choquant que cela puisse paraître qu’un parti politique accrédité dispose de militaires qui lui sont loyaux, dans les faits c’est ainsi que ça se vit, et personne ne saurait objectivement le nier). Or, ce déploiement refusé par nombre d’officiers Tutsi des FARDC au Nord-Kivu serait l’une des causes de leur rébellion. 

Paradoxalement, le jeu du CNDP fait toujours des dupes au sein du pouvoir. Ou alors, comme on aurait raison de le penser, la confusion est entretenue à dessein, et les autorités congolaises y ont quelque intérêt ! Les milliers de gens obligés de quitter leurs biens, et qui se retrouvent sur la rue et dans la forêt en pleine période pluvieuse ; les pauvres soldats qui versent leur sang à l’autel d’un sacrifice peut-être indu… Qui est-ce qui s’en préoccupe vraiment ?  

Ma lettre ouverte à Monsieur l'Ambassadeur Jean-Michel Dumond, Chef de Délégation de l'UE à Kinshasa au sujet du financement de la reconstruction des routes de Goma

                                                                                                          Goma, le 12 mai 2012


RECONSTRUIRE LES ROUTES DE GOMA, OUI.
MAIS A QUEL PRIX ?  

Lettre ouverte adressée à l’Ambassadeur Jean -DUMOND,
Représentant de l’Union Européenne en République Démocratique du Congo
Et à toutes les Missions diplomatiques européennes accréditées à Kinshasa


Excellence Monsieur l’Ambassadeur,

            En ma modeste qualité de citoyen, d’avocat et de militant engagé pour les causes de la démocratie, de la bonne gouvernance et des droits humains dans mon pays, la RDC, je me donne la liberté de vous adresser la présente, en vue de vous faire part d’une préoccupation que je tiens pour légitime et pertinente, au sujet du projet de reconstruction de la voirie urbaine de Goma ; préoccupations que je suis convaincu de partager avec des milliers de mes concitoyens silencieux, ou plutôt désorientés.

Mon but n’est autre que de vous interpeller, et à travers vous, interpeller l’ensemble des partenaires internationaux de la RDC, sur la nécessité de contribuer à mettre fin à la corruption et aux détournements qui gangrènent le pays et hypothèquent toute chance de son développement, et dont la victime principale est une population laissée pour compte, sans voix ni défense.

Lors de votre dernier séjour à Goma, au mois de mars, vous avez annoncé que l’Union européenne allait financer la reconstruction de quelque trente kilomètres de routes dans la ville de Goma, à partir de l’automne prochain. Votre annonce n’a pas manqué de satisfaire les habitants de Goma, dont moi-même, et à juste titre, parce que Goma est pratiquement une ville fantôme qui manque cruellement de routes – entre autres choses –, malgré son statut de capitale provinciale, son dynamisme économique, et le fulgurant accroissement de sa démographie au cours de la dernière décennie.

Cependant, comme vous le savez probablement, le gouvernement de la RDC avait déjà lancé les travaux de rénovation de la même voirie urbaine de Goma, il y a de cela plus d’une année. L’entreprise chinoise présentée comme devant exécuter lesdits travaux avait promis de les achever au mois de février 2012. Mais depuis, seuls deux ou trois kilomètres ont été refaits (abstraction faite de leur qualité). Goma est devenue invivable et sa population se meurt entre, selon les temps, une abominable nuée de poussière, la boue et les secousses des pistes qui n’ont plus rien de routes, hormis le nom. Les conséquences de cette situation sur le million d’habitants de Goma sont graves et irréversibles, sur le plan aussi bien économique que sanitaire.   

Maintenant que vous allez financer la réfection de ces routes, le calvaire de Goma va peut-être connaître son dénouement. Mais il n’en va pas de même des raisons qui ont poussé à l’enlisement des travaux entrepris par le gouvernement. Car tout gouvernement a bien un budget de ses dépenses et de tous ses revenus. Logiquement, s’il a lancé les travaux de la voirie urbaine de Goma, c’est qu’il y avait bien dans les caisses de l’Etat, de l’argent à cette fin. Et lorsque l’on sait ce qu’il en coûte d’asphalter un kilomètre de route, on est en droit d’induire que pour la première phase des travaux qui devait porter sur dix kilomètres (indication du Gouverneur de province du Nord-Kivu lors du lancement des travaux, en février 2011), il y avait quelque 10 millions de dollars de disponibles. D’ailleurs, des responsables gouvernementaux ont eu plusieurs fois à affirmer cette disponibilité des fonds.  

C’est bien louable de voler au secours de la population de Goma. Mais ce sera encore plus louable de votre part d’exiger et d’obtenir du gouvernement congolais (au niveau national ou provincial, peu importe) qu’il explique à la population de Goma ce qu’il est advenu des fonds préalablement destinés à ces travaux pour qu’aujourd’hui ils ne soient pas terminés, ne serait-ce que dans leur première phase. A plusieurs occasions, certaines gens (les étudiants, les motards, les commerçants, la société civile, ….) ont eu à poser la question. Mais lorsque le gouvernement ne répondait pas par la violence et des intimidations, l’on  a assisté à des rejets réciproques de responsabilité entre les exécutifs provincial et national, qui n’a fait qu’entretenir la confusion. Au mieux, la population a eu droit à des promesses répétées, mais toujours irréalisées, que les travaux seraient continués « incessamment ». Quant à l’entreprise TRAMENCO censée exécuter les travaux, il faut dire qu’elle n’a jamais semblé avoir les compétences matérielles et humaines nécessaires, et qu’elle a été sélectionnée on ne sait à la discrétion de qui et suivant quelle procédure de passation de marché public.  

Monsieur l’Ambassadeur,

Par expérience, il y a des raisons sérieuses de penser que l’argent du contribuable congolais destiné par le gouvernement à l’exécution de ces travaux de la voirie de Goma a tout simplement été détourné, comme cela est malheureusement fréquent en RDC. La population de Goma, dont je me fais l’agréable devoir d’être l’avocat a besoin de connaître toute la vérité dans cette affaire. L’opacité dans la gestion des fonds publics, la corruption, la prévarication et les détournements sont tellement courants et banalisés dans notre pays qu’il n’est guère exagéré de les soupçonner ici encore.

S’il a pu y avoir détournement ou corruption à quelque niveau que ce soit, il faut que le(s) responsable(s) en répondent devant le peuple, par le truchement de la justice.  

Je suis convaincu que vous ne voudrez pas donner à nos autorités l’impression qu’elles peuvent gérer comme bon leur semble l’argent du Trésor public, et que vous serez toujours là pour compenser leur irresponsabilité, avec l’argent du contribuable européen, lui-même soumis à de rudes épreuves par le temps qui passe.

            Nous avons, nous aussi, une aspiration légitime à la démocratie, à la bonne gouvernance, à la justice, et à toutes ces valeurs qui fondent les républiques modernes. Nous avons besoin de la solidarité internationale, mais d’une solidarité qui nous responsabilise et nous aide à demander des comptes à ceux qui nous gouvernent. Nous sommes reconnaissants de l’aide précieuse que nous prodiguent nos frères et nos sœurs de l’Europe et d’ailleurs, mais savent-ils vraiment combien de leur argent sert réellement les causes auxquelles ils croient, sans parachuter dans les poches de quelques individus qui n’ont pour leur peuple que le mépris et l’insouciance ?

            (Re)financer ces travaux en escamotant de faire toute la lumière sur le sort des fonds qui y étaient prédestinés serait comme danser sur la musique de ceux qui pourraient les avoir détournés ; ce serait comme cautionner, aux yeux des habitants de Goma, la mauvaise gouvernance et le manque de transparence des autorités, et en définitive être leurs complices ; ce serait enfin accepter de perdre des millions de dollars qui auraient pu servir à faire autre chose. Par contre, votre pression en faveur de la transparence dans ce dossier consolidera la prise de  conscience de la population et la responsabilisation des autorités.    
           
            Ne doutant pas de la sincérité de votre vœu à  accompagner la République Démocratique du Congo parvienne sur la voie de bonne gouvernance et du développement ; conscient aussi que vous soutenez le peuple Congolais, et non pas seulement ses dirigeants parfois immérités, j’ose croire que mon appel ne vous laissera pas indifférent.

            Je vous remercie d’avance de votre attention et de votre diligence et vous prie de croire, Excellence Monsieur l’Ambassadeur, à l’assurance de ma considération très distinguée.




jeudi 10 mai 2012

Joseph KABILA : Président par accident ?

Jacques Chirac disait un jour : "on accède pas à la magistrature suprême sans une volonté tenace, constante d'y parvenir, ni l'intime conviction, chevillée au corps,  du destin qui nous y conduit".

KABILA KABANGE Joseph est à la tête de la République Démocratique du Congo depuis le mois de janvier 2001, soit depuis plus de 11 ans aujourd’hui. La RDC, vous le savez sans doute, le troisième plus grand Etat d’Afrique en termes de superficie, l’un des pays du monde les plus riches en ressources naturelles, et en même temps l’un des pays les plus économiquement pauvres.

Kabila a succédé à son père, Laurent-Désiré KABILA, lâchement abattu dans son bureau présidentiel le 16 janvier 2001 par son garde du corps, dans des circonstances non encore élucidées à ce jour. (Certains ont pu penser qu’il était lui-même impliqué dans cet horrible assassinat, ce qui me semble être la plus extrême des hypothèses !)

A l’époque (2001), le pays était confronté à deux grandes rébellions (le MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo à l’Ouest, et le RCD à l’Est), qui occupaient à elles deux plus de la moitié du territoire national.

A la faveur de l’Accord global et inclusif signé en 2002 entre tous les belligérants, le jeune Président (à l’époque il n’est âgé que de trente ans) va diriger la transition politique, à la tête d’un gouvernement atypique composé de quatre vice-président (issus des trois courants politiques majeurs et de la société civile). C’est ce gouvernement d’union nationale qui réussit doter le pays d’une nouvelle constitution et à organiser, en 2006, les premières élections présidentielles et législatives plus ou moins libres et transparentes que la RDC ait jamais connues depuis son indépendance ; élections que Kabila remporte haut la main, à l’issue d’un second tour particulièrement tendu.

Son élection de 2006 était tout à fait logique : il s’est présenté comme l’unificateur ; celui qui avait osé ouvrir la porte de dialogue avec les rebelles, ce que son défunt père de Président avait toujours refusé de faire. Pour les populations de l’Est, où il fut massivement plébiscité, Kabila représentait à la fois le salut après la longue expérience de la guerre et de l’occupation (le mot n’est pas trop fort) étrangère, et la confiance en sa jeunesse et son charisme présumé. Mais surtout, Kabila incarnait, aux yeux de beaucoup de Congolais, la poursuite de la révolution engagée par son père après trois longues décennies  de règne sans partage du Maréchal Mobutu Sese Seko.

Permettez-moi de dire déjà à ce niveau qu’il semble que Kabila n’ait jamais vraiment ambitionné de devenir Président, au regard des circonstances de sa première accession à cette haute fonction, à moins de donner raison à ceux qui voient sa main derrière l’assassinat de son père… (ce qui n’est nullement ma conviction). Il s’est réveillé un bon matin, et on lui a dit : « toi là, tu deviens Président ! » Qu’est-ce qu’être Président ? Quelles responsabilités cette fonction implique-t-elle ? A quoi ça sert, un Président ? Tout cela, il a dû l’apprendre coup pour coup, après qu’il ait été installé dans le fauteuil présidentiel, peut-être bien malgré lui… Et, « l’appétit est venu en mangeant », comme on dit. Il s’est accommodé petit à petit, et il a fini par prendre goût à être (et demeurer ?) Président.

Pourtant, dans ce que j’ai pu retenir de l’histoire de la république, l’accession à la fonction de Président de la République – et au-delà d’elle, l’accession à toute fonction politique importante – a toujours été le résultat d’une ambition, souvent nourrie depuis la tendre jeunesse. Les plus grands révolutionnaires du monde ne sont pas des « parvenus », des gens juste parachutés du jour au lendemain à des hautes fonctions, sans savoir ce qu’on en fait. Ce qui est normal et logique, parce que l’ambition suppose que l’on se fait une certaine idée du bien-être social ou de l’Etat, et que l’on voudrait la réaliser ; que l’on a un certain idéal, et que l’on se propose de l’atteindre. Alors  on s’engage, on lutte, on franchit des échelons, on a le temps d’apprendre de ses échecs ; on a un ou des modèles, des maîtres ou des mentors, et lorsqu’on arrive au sommet, on est suffisamment préparé. On ne tâtonne pas, on a une idée nette de ce que l’on veut accomplir. Ce peut être un bel idéal ou une folie (voyez Staline), mais au moins on en un. Mais dites, Kabila, a-t-il jamais eu quelque ambition pour le Congo ? Laquelle ? Les « Cinq Chantiers » ? La « révolution de la modernité » ? Oh ! de grâce, ne me faites pas rire…

Même à supposer qu’il ait désormais un rêve pour le Congo – ce que je ne crois pas – ce rêve doit lui être venu avant-hier, lorsqu’il a songé (par lui-même ?) à modifier la constitution pour préparer sa victoire certaine au dernier simulacre d’élections de novembre 2011. Sauf qu’un tel rêve, en plus d’apparaître dans la tête d’un faux brave, serait trop artificiel pour être réalisable.

Bon ! Continuons le récit (que vous connaissez). L’élection de 2006 est venu légitimer le pouvoir de Kabila, et de bonne manière, parce qu’à mon avis, ces élections-là étaient acceptables (ça ne signifie pas parfaites) à tous égards. S’il avait la vaine d’un leader à la taille de la RDC et de ses défis, il était bien parti pour tirer le pays de la boue dans laquelle il se trouvait déjà à l’époque. Il vous souviendra que la RDC venait en plus de se doter d’une constitution, à mon avis la meilleure qu’elle ait jamais eue, et l’une des meilleures d’Afrique. Mais au lieu de cela, il a tourné les pouces, s’est marié, s’est entouré de dinosaures, a encouragé (c’est comme ça que j’appelle tolérer l’intolérable) la corruption, les détournements, la concussion, il a ignoré la constitution, … Il en a même grossi, et tant mieux pour lui !

Cela surprend certains, à ce qu’il paraît. Je n’en suis pas ! On ne peut donner que ce qu’on a. Or, en termes d’ambition politique et d’idéal pour la RDC, je suis convaincu que mon charmant Président n’a (encore) rien !  











Les dix plus grands défauts du Président JK



(D’après le Congolais lambda,  beta et gamma…)

1.      Obsession à plaire à tout le monde autour de lui :
Je ne sais pas si le Président choisit ses collaborateurs, ou si c’est eux qui l’ont choisi pour être ce qu’il est, afin qu’il les laissât (tranquilles) être ce qu’ils sont. Une chose est certaine, il est bon d’être près de lui, car alors l’on ne manque de rien, et l’on ne répond de rien à personne. Hélas, c’est là que le pays (les gens ordinaires comme lambda et beta) souffre le martyr.    

2.       Imprévoyance :
Ici, j’avoue que je n’ai pas su trouver le terme le plus approprié. En fait, il est possible que JK n’ait tout simplement pas d’idéal pour le pays. Mais même au-delà de cela, il me semble qu’il improvise tout ce qu’il fait. Ce qu’il avance comme programmes et plans – pour des raisons de propagande, pas plus – ne sont programmes et plans que de nom. Et à ma connaissance, ce n’est pas de cette façon que l’on gère un pays.
  
3.      Cupidité 
Pas de commentaire. 

4.      Indécision

5.      Insociabilité
Depuis 15 ans qu’il vit à Kinshasa, après son retour triomphal du maquis où l’avait placé son défunt père, cela n’est-il pas surprenant que JK ne parle pas Lingala ? Et puis, regardez ses fréquentations parmi les autres Chefs d’Etat… Non seulement ses sorties du pays sont extrêmement rares, mais aussi les observateurs ne lui connaissent pas grands amis dans le monde, parmi ceux et celles de son rang. A moins qu’il en garde délibérément mystère…

6.      Manque de vision pour le pays
Sauf si vous considérez les slogans aussi creux que vagues de « Révolution de la modernité » et « Cinq Chantiers » pour de la vision pour un pays…

7.      Incapacité à convaincre
Les journalistes, ses homologues, et même la population… Je me rappelle ses discours de campagne et clameurs des gens, y compris de simples villageois… Qui parie qu’il ait été en mesure, en 2006, de tenir pendant trente minutes dans un débat télévisé face à un Bemba, par exemple ?   

8.      Manque de rigueur
« Tolérance zéro », vous connaissez vous aussi le refrain ? Quel est le résultat ? Combien de ministres, de députés, d’officiers supérieurs ou généraux, de directeurs des régies financières et des entreprises de l’Etat… Combien en connaissez-vous qui ont eu à répondre des malversations rapportées, des soldes détournées, des enrichissements indus, des chantiers inachevés, etc. ? La rigueur, c’est un bien piètre mot pour lui .

9.      Manque de charisme
Pas de commentaire non plus.  
10.   Arrogance

Si je ne m'étais pas promis d'en rester à dix, j'ajouterais l'incommodant mélange qu'il fait entre sa vie privée et sa vie publique, ainsi que le folklore qu'il semble avoir copié textuellement à Mobutu. 

J’ai tenté de lui trouver au moins autant de qualités – chaque être humains a toujours des défauts et des qualités – j’ai à peine réalisé trois ou quatre. Vous m’en ajouterez au cas où vous en sauriez davantage : la sérénité, la discrétion, le charme, et, parfois, l’humour.  

Avertissement 
Il ne faudrait pas que les opposants Congolais se rengorgent en lisant ceci. Peut-être n’ont-ils pas les mêmes défauts, mais j n’en vois pas un (objectivement) qui soit bien meilleur. Vous n’avez qu’à regarder leur parcours et leur comportement d’aujourd’hui, vous comprendrez vite que le Leader salutaire du Congo n’est pas de ceux que nous connaissons !