Translate

samedi 25 août 2012

Conflit à l’Est de la RDC : Reynders sur la bonne piste ?

Monsieur Didier Reynders devant la presse à Kinshasa, le 20/8/2012
Photo radio Okapi

Le vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, arrive ce weekend à Kigali, la capitale rwandaise, après six jours passés en République Démocratique du Congo, où il a eu des entretiens avec plusieurs hautes autorités, autour notamment de l’épineuse question de la rébellion du M23 qui sévit au Nord-Kivu.

Monsieur Reynders, qui a eu une rencontre avec le Président Joseph Kabila  à Lubumbashi au milieu de la semaine écoulée, a tenu à souligner l’importance que l’ancienne métropole attachait au respect de l’intégrité et à la souveraineté de la RDC. Dans un langage on ne peut plus franc, le chef de la diplomatie belge a épinglé la question cruciale de la réforme des forces armées de la RDC comme l’une des voies par lesquelles passera la résolution durable des conflits armés récurrents en RDC, et à l’Est en particulier. Il a reconnu au passage l’erreur grossière commise dans le passé par le gouvernement congolais – et encouragée en son temps par la communauté internationale – d’intégrer de manière quasiment brute des rebelles au sein des FARDC. « Cela n’a peut-être pas été la bonne solution », a-t-il confessé.

Pour résorber la rébellion du M23 : prendre le Rwanda au mot, et le placer devant ses responsabilités

Au sujet de l’implication du Rwanda dans la rébellion du M23, Didier Reynders a très subtilement évité de porter des accusations directes souvent inutiles et contreproductives à l’encontre du minuscule voisin de la RDC, préférant présumer sa bonne foi et en tirer le meilleur parti : « Le Rwanda prétend ne pas être une part du problème, ce que nous souhaitons c’est que le Rwanda devienne une part de la solution », a-t-il déclaré. Et de renchérir : « Il faut que le Rwanda participe activement à la fin de la rébellion et garantisse l’étanchéité de la frontière».

En procédant ainsi, l’objectif de la diplomatie belge est clair : prendre le Rwanda au mot et, au lieu de chercher désespérément à lui extorquer des aveux – ce qui ne résout aucun problème réellement –, le placer devant ses responsabilités ; l’engager dans la résolution de la crise, en tant que pays voisin affecté d’une manière ou d’une autre par ce qui se passe à un jet de pierre de sa propre frontière (où sévit un certain groupe dénommé FDLR ; où vit une certaine communauté Tutsi ; et d’où proviennent quelques dizaines de milliers de réfugiés installés depuis des années au Rwanda : autant de questions à l’égard desquelles ce dernier ne peut pas se dire vraiment étranger).  

L’approche belge a au moins le mérite d’être pragmatique : d’abord parce qu’accuser le Rwanda, comme le fait depuis plusieurs mois le gouvernement congolais n’est pas en tant que tel une panacée au vrai défi qui est celui de mettre fin à la rébellion et d’opérer le retour durable de la paix et de la sécurité à l’Est de la RDC. Ensuite parce que, dans l’état actuel des choses, la résolution durable du conflit de l’Est de la RDC passe ipso facto par l’implication du Rwanda, et que l’isoler ou l’invectiver, alors que la RDC n’a ni un leadership politique et diplomatique aptes à le défier, ni une force armée capable de l’affronter, ne fera que retarder l’issue du conflit, sinon l’amplifier. Bien plus, en s’abstenant de prononcer inutilement des sentences contre le Rwanda, Monsieur Reynders n’a-t-il pas augmenté ses chances d’être reçu et entendu à Kigali ! Il faut peut-être rappeler ici que contrairement à aux autres grands partenaires bilatéraux du Rwanda, le Belgique s’est abstenue de suspendre son aide au Rwanda. Certains préfèrent y voir une sorte de complaisance, mais à mes yeux c’est une attitude tout à fait cohérente et compréhensible de la part de l’ancienne Colonie à l’égard de sa progéniture d’Etats passés pour ennemis.  

A la rigueur, la communauté internationale – et en particulier la Belgique – doit maintenir une pression mesurée sur le Rwanda, afin d’établir un certain équilibre dont la RDC n’est pas en mesure de s’assurer lui-même, et je pense que Monsieur Reynders est bien conscient de cela. En effet, le Rwanda doit comprendre que ses intérêts directs ou indirects en RDC – économiques notamment – ne sauraient être garantis, de façon pérenne, par la force ; qu’il a davantage à gagner dans le cadre de la coopération équitable avec son grand et riche voisin, dans un climat de stabilité et de paix de part et d’autre de leur frontière commune, et dans le respect mutuel, plutôt que dans des confrontations sans fin, des immixtions incessantes, des croisades de déstabilisation, de prédation et de pillage à répétition, ou des manœuvres à visées hégémoniques. Le Rwanda doit laisser la RDC résoudre ses problèmes internes, et cesser d’instrumentaliser la question des Tutsi congolais et autres congolais d’expression Kinyarwanda, ou encore celle des ex Forces armées rwandaises et Interahamwe pour justifier toutes sortes de digressions et d’immixtions de sa part.

Si c’est le message que le ministre Reynders va faire passer à Kigali, alors on peut dire que la Belgique est sur la bonne piste. Reste à espérer que ce message soit entendu et soit suivi d’effets concrets. La Belgique devrait en même temps convaincre ses pairs occidentaux de la pertinence de son approche, afin de les engager à l’appuyer, et à la parfaire si besoin est.

Aider à faire le ménage dans la case congolaise

Didier Reynders a eu raison de le rappeler, la RDC a le plus gros d’efforts à fournir pour se doter d’une armée véritablement républicaine et professionnelle, pour asseoir la démocratie, la bonne gouvernance et l’Etat de droit, et pour opérer un certain nombre de réformes indispensables à sa stabilité et son développement. L’implication du Rwanda et des autres puissances dans les conflits en RDC a beau être dénoncée, elle n’est que secondaire, et traduit profondément une quasi-absence de gouvernement responsable à la hauteur des défis du pays et des attentes légitimes de ses citoyens. Le Rwanda lui-même, ou tout autre pays, n’irait pas s’aventurer à sa guise dans un Etat organisé, effectivement administré et gouverné. Tous les maux de la RDC se justifient principalement  par la faiblesse, voire l’inexistence d’un Etat au sens moderne du terme, un état des choses dû à l’absence d’un vrai leadership politique, à l’incompétence manifeste des gouvernants actuels, à l’absence de vraies alternatives de la part de la classe politique dans son ensemble et de la société civile, ainsi qu’à l’attentisme coupable des Congolais.

La Belgique connaît parfaitement la RDC, et a avec elle des liens historiques forts, bien plus que n’importe quelle autre puissance étrangère. Elle peut très bien influencer un changement positif de la situation, tant à l’intérieur de la RDC qu’à travers ses relations avec les nations puissantes de ce monde, sans nécessairement apparaître comme voulant revenir aux vieux temps coloniaux. Certes, le risque que certains interprètent ses interventions comme un zèle paternaliste ou néocolonialiste est évident, mais il lui revient de prendre la précaution nécessaire pour le minimiser, et je pense qu’elle le peut. Par ailleurs, il n'est guère impossible que certains comportements reprochés aux congolais, et qui empêche le pays de progresser soient l’héritage, au moins en partie, de la colonisation et ses méthodes. Dès lors, la Belgique choisit-elle de se réfugier derrière la crainte d’être accusée de visées néocolonialistes et de laisser la RDC sombrer, ou choisit-elle d’oser aider les Congolais à se relever et à se mettre sur le rail ? Je crois que la Belgique devrait abandonner le complexe du colonisateur, et devenir celle qui se tient aux côtés du peuple congolais, non plus comme puissance ascendante et « civilisatrice », mais comme partenaire sincère. Ce serait pour le Royaume le meilleur choix, alliant réconciliation, dignité et grandeur, et les deux peuples (belge et congolais) y gagneraient également !     


jeudi 23 août 2012

Recrutement des jeunes au sein des Forces Armées de la République Démocratique du Congo : un non-sens dans l’état actuel des choses !


COMMUNIQUE DE PRESSE n°070/CC/CO/L230812



1.    Le gouvernement de la République Démocratique du Congo, notre chère patrie, a lancé depuis le début de ce mois d’août 2012 une « opération de grande envergure » visant à enrôler des jeunes âgés de plus de 18 ans au sein de l’armée nationale. En principe, c’est une opération normale pour le gouvernement légitime d’un pays souverain.

2.    CIVIS CONGO[1] est consciente de la nécessité de doter la République Démocratique du Congo d’une armée et d’autres forces de sécurité véritablement patriotiques et professionnelles, eu égard à la désorganisation et au manque de professionnalisme qui caractérisent les forces actuelles.

3.    Les opérations menées par le passé (brassage, mixage, intégration,…) et qui ont consisté à déverser dans l’armée, la police nationale et les services de renseignement de la République, des troupes issues de divers rébellions et groupes armés étaient une grave erreur, si pas dans leur principe, au moins dans leur mise en œuvre, et CIVIS CONGO n’a jamais eu de cesse à les dénoncer. La crise sécuritaire qui secoue actuellement l’Est de notre pays en est une des conséquences évidentes, et malheureusement prévisibles.

4.    CIVIS CONGO considère que les FARDC n’ont pas à être réformées, mais doivent tout simplement disparaître progressivement, au profit d’une nouvelle armée républicaine, disciplinée et professionnelle, exempte de tous les criminels, pillards, affairistes, traitres, et autres infiltrés qui emplissent actuellement les rangs.

5.    CIVIS CONGO dénonce avec véhémence les opérations de recrutement en cours qui, au lieu d’aboutir à la construction d’une nouvelle armée véritablement républicaine, vont certainement donner lieu à un mélange désagréable de genres, et, à terme, accroître le problème plutôt que de le résoudre durablement. En fin de compte, ces pauvres jeunes que l’on appelle sous le drapeau risquent, en dépit de leur courage et de leur bonne foi, être sacrifiés comme nombreux de leurs prédécesseurs.

6.    CIVIS CONGO déplore l’improvisation et le manque de discernement dont fait preuve le gouvernement de la République, y compris sur une question aussi vitale pour la nation que celle de l’armée. L’autre risque de cette façon de faire, c’est que le gouvernement recrute à nouveau des criminels en herbe, des bandits, des personnes sans aucune instruction ni qualité, car eux seuls sont susceptibles de répondre aveuglement à un tel appel. La précipitation du gouvernement ne se justifie nullement, d’autant plus que même si notre pays est agressé, l’Etat d’urgence n’a pas été décrété, et officiellement ces opérations sont menées dans le cadre de la « réforme de l’armée ». Les militaires et policiers actuellement en service

Eu égard à tout ce qui précède, CIVIS CONGO prend la responsabilité de recommander ce qui suit :

1°) Au gouvernement de la République Démocratique du Congo :
-          D’arrêter immédiatement ces opérations d’enrôlement inconsidéré de jeunes congolais dans les rangs de l’armée. Si cela n’est pas fait, CIVIS CONGO invite solennellement la jeunesse congolaise à faire preuve de maturité et de civisme en s'abstenant de répondre favorablement à l’appel du gouvernement ;
-          De préparer sur les plans tant légal, matériel que financier la création d’une nouvelle armée véritablement républicaine, disciplinée et professionnelle. Pour cela, le gouvernement devrait notamment définir et rendre public (dans la mesure du nécessaire), au plus tard avant la fin de cette année 2012, la politique nationale de la défense, sur bases d’une expertise sérieuse, et en concertation avec les élus du Peuple et toutes les forces vives de la Nation. Un service militaire obligatoire devrait être sérieusement envisagé. CIVIS CONGO est disposée à apporter sa modeste contribution dans à cette occasion ;
-          De planifier et de préparer les moyens matériels et financiers nécessaires pour les mises à la retraite et la démobilisation massive des militaires et policiers qui le méritent ;
-          D’assainir sans délai, et de la manière la plus rigoureuse, la gestion du budget affecté à l’armée et à la police nationales, et de sanctionner toutes les autorités, civiles ou militaires, qui ont trempé dans le détournement des deniers et des matériels destinés aux Forces armées ou à la police ;

2°) A la communauté internationale, aux bailleurs de fonds de la RDC et à tous ses partenaires :
-          De dissuader le gouvernement congolais à poursuivre ces opérations avant d’avoir fait une planification minutieuse ;
-          De soutenir moralement  l’idée de la création d’une nouvelle armée nationale congolaise véritablement républicaine, disciplinée et professionnelle, et, le moment venu, de contribuer par tous les moyens (formation, matériel, fonds) à sa mise en œuvre effective.
    
                                                                                                    
Ainsi fait à Kinshasa, le 23 août 2012
Pour CIVIS CONGO
Me Jean-Mobert N'senga
Coordonnateur 



mardi 21 août 2012

Le M23 défie Kinshasa, nargue la CIRGL, ...et advienne que pourra !

Le Colonel Sultani Makenga à la tête du M23
Ce lundi 20 août 2012 en début d’après-midi, à Rutshuru centre, le désormais Chef du Haut Commandement militaire du Mouvement du 23 mars, le Colonel Sultani Makenga, a tenu à Rutshuru un point de presse auquel le M23 avait convié deux journalistes de deux radios petites  communautaires de la place. Le Colonel Makenga était entouré à l’occasion de quelques-uns de ses compagnons mutins, dont le Colonel Vianney Kazarama et le Colonel Baudoin. Leur but était de justifier ou de tenter de donner une explication à la décision prise par le M23 à la fin de la semaine dernière de se doter d’une structure organisationnelle dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle s’apparente à un gouvernement autonome.  
Pour le rabougri « Chef du Haut Commandement », le rôle principal de la structure mise en place le 17 août dernier sera « la gestion quotidienne de la population dans la zone sous contrôle du M23 ». « Aucune organisation digne de ce nom ne peut survivre sans structures. Nous sommes résolus à garantir la sécurité et  la quiétude à toute la population sous notre contrôle, c’est pourquoi il est plus que légitime que ces congolais soient administrés dans le respect de la bonne gouvernance », a-t-il plaidé en Kiswahili. Et de renchérir : « Le M23 avec ses nouvelles structures est le seul partenaire avec lequel le gouvernement congolais pourra discuter afin de ramener la paix à l’Est de la République Démocratique du Congo. Ne pas vouloir prendre en compte les revendications légitimes du M23 sera une erreur de l’histoire ».
Dans un élan propagandiste, Sultani Makenga n’a pas manqué de remercier la population de tout le territoire sous contrôle du M23 d’avoir « refusé de porter oreilles aux manipulations des politiciens extrémistes » qui demandaient aux populations de se rendre dans des camps des refugiés en Ouganda. « Mon Mouvement et moi-même remercions la population de Rutshuru  pour sa maturité politique affichée rompre avec  les anciens reflexes qui dans le temps avaient brutalement jeté cette contrée sur les chemins incertains de la violence irresponsable. Violence que nous n’avons cessé de désapprouver, parce qu’elle jette un discrédit total sur notre pays, son peuple et ses dirigeants qui pensent que le seul moyen de résoudre les problèmes des congolais c’est de les opposer par la force des armes et attiser ainsi les tensions ethniques. Le M23 ne ménagera aucun effort pour consolider la paix dans les territoires qu’il contrôle et usera de tous les moyens  pour secourir tous les congolais où qu’ils se trouvent sur le territoire congolais chaque fois que leur quiétude sera menacée ».
Après la belle homélie introductive, le Sultani (mot swahili signifiant « roi »), les ex officiers FARDC déchus ont répondu à quelques questions (bien sélectionnées) de leurs modestes interlocuteurs.
Le maître-mot : défier le Président Kabila et son gouvernement 
Sultani Makenga a déclaré qu’ils (le M23) ne se sentaient pas concernés par toutes les rencontres qui ont eu lieu au niveau de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), d’autant plus qu’ils n’y avaient pas été confiés. Un journaliste a voulu savoir si malgré tout le fait pour le M23 d’avoir cessé les combats ne signifiait pas qu’ils avaient suivi l’appel formulé à leur endroit par les ministres de la défense lors de la réunion de Goma la semaine passée, et qui les enjoignait de cesser les combats et de se retirer des grands centres qu’ils occupent.
La question a fait rire l’ex Colonel FARDC. Il s’est quand même efforcé de répondre : « Je voudrai être clair : notre Mouvement n’a été convié à aucune de ces réunions. Les déclarations ou les résolutions auxquelles sont arrivées ces rencontres ne peuvent donc pas nous être opposables. Nous ne sommes pas signataires des déclarations finales qui les sanctionnent. Si nous avons accepté d’observer une trêve, c’est par respect au Président en exercice de la CIRGL , Son Excellence Yoweri Museveni qui nous a demandé d’arrêter les hostilités pour que nous trouvions une issue politique négociée à la crise. C’est ce que nous avions demandé dès le début quand nous nous sommes retirés dans les collines de Runyoni, mais Kinshasa a préféré user de biceps plutôt que de sa tête. Maintenant que Kabila s’est rendu compte  qu’il n’avait pas suffisamment de biceps pour nous affronter, je pense que la raison va l’emporter sur la force et qu’il va accepter de négocier avec notre Mouvement pour économiser le temps, les énergies et les moyens que nous lui demandons plutôt d’utiliser pour soulager la misère des congolais ».
A un autre journaliste qui lui faisait observer qu’à en croire le ministre Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, ce dernier ne négociera jamais avec le M23, la réponse de Sultani Makenga n’a pas eu les mots justes pour exprimer son assurance en leur mouvement et son…mépris (c’est ça le mot) pour la position du gouvernement congolais. « Monsieur le journaliste, je puis assurer qu’ils le feront car ils n’ont aucune autre option à part négocier avec nous. Ils n’ont aucune armée capable d’affronter les troupes disciplinées et aguerries du M23 (…) ».
« Et s’ils persistent et vous attaquent à nouveau, vous défendrez-vous et prendrez-vous la ville de Goma ? », a insisté un autre journaliste.
La réponse de l’arrogant Colonel a été sans équivoque : « Ce n’est pas seulement Goma que nous prendrions, mais nous libérerions tout le pays du joug de ces irresponsables (…), pour les remplacer par un  leadership capable de rassembler la nation, plutôt que de la diviser ;  un leadership capable de dialoguer avec la participation de tous, plutôt que d’exercer de manière solitaire et autoritaire le pouvoir ;  un leadership capable d’assurer une correcte et active représentation du Congo dans le concert des Nations libres, plutôt que la réduction du Congo à une présence protocolaire, presque inaperçue ; un leadership  soucieux du bien-être de la population à la place de cette  bande de pilleurs qui profitent de la moindre occasion pour s’enrichir sur le dos de la population ».
A quoi joue le M23 ?
Sultani Makenga entouré de sa garde rapprochée
Soit l’intention du M23 est de changer le régime en place à Kinshasa, en plaçant le gouvernement dans la position du coupable : « Nous avons supplié le gouvernement de négocier, il n’a rien voulu entendre, alors nous n’avons pas d’autre choix que de lui mener la guerre jusqu’au bout », pourrait-il soutenir. Cette démarche irait crescendo : d’abord se doter d’une structure politique genre RCD, son précurseur (et modèle ?). Ensuite accroître ses liens avec d’autres mouvements ou personnalités qui ont des griefs graves à reprocher au régime Kabila (en particulier ceux qui n’ont pas encore digéré sa réélection contestée). Enfin passer à l’assaut, en commençant naturellement par les villes les plus faciles (car déjà assiégées ou presque) telles que Goma, Bukavu, Beni, Butembo, Bunia, Uvira, etc. Voyez l’évolution de ce mouvement depuis le mois d’avril : d’un minuscule groupe d’insurgés sans nom ni structure, il s’est baptisé, a recruté un « Coordonnateur politique », a occupé un assez vaste territoire, a tissé des alliances, a formulé et multiplié ses revendications, s’est doté de moyens militaires considérables, a renforcé ses rangs, et maintenant il vient de se doter d’une structure politique quasi-gouvernementale. La CIRGL et les autres SADC ont beau multiplier les appels à la cessation des hostilités, les Occidentaux ont beau couper leur aide à leur base-arrière rwandaise, rien ne les arrête.
Soit alors son intention est d’obtenir à tout prix des négociations directes avec le gouvernement. Mais sur quoi porteraient ces négociations ? Sur la « vérité des élections » au truquage desquelles les éléments du CNDP (dont le M23 n’est que le déguisement) ont eux-mêmes contribué ? En posant cette revendication, le M23 ne montre-t-il pas que son véritable souci n’est pas de négocier, mais de mettre Joseph Kabila et son régime dans l’impossibilité de se tirer d’affaires sans se noyer ? C’est l’impression que l’on a…
Le M23 ne se manque pas non plus de narguer la CIRGL dont les ministres de la défense réunis la semaine dernière à Goma avaient résolu de demander au Président en exercice de la CIRGL, l’ougandais Yoweri Museveni, d’instruire le M23 de « retourner à ses positions du 30 juin 2012 ». Il a à son avantage plusieurs éléments : le temps que met le gouvernement congolais à trouver une issue à cette guerre, et ses étonnants tâtonnements, les conférences interminables de la CIRGL, la faiblesse notoire de l’armée congolaise, etc.
Un autre signe qui ne trompe pas : ce sont les militaires comme Makenga et Kazarama qui dirigent le bateau rebelle M23. S’ils y a un ou des commanditaires plus haut placés, ces militaires sont leurs répondants directs, et non le soi-disant Président Runiga Jean-Marie, ni une quelconque structure politique. Autrement, c’est sont ces politiques qui auraient pu tenir un tel point. Je doute que ce soit une vulgaire maladresse procédurale de la part d’une rébellion qui essaierait à peine de se structurer.   
Quoi qu’il en soit, le peuple congolais et la population du Nord-Kivu en particulier n’ont pas l’impression qu’il y a à Kinshasa un gouvernement qui prend le cancer M23 à bras le corps. Que dis-je ? S’il y avait au sein du gouvernement congolais ne serait-ce qu’une poignée de personnes qui montrent qu’ils ont une analyse correcte de la situation de l’Est, et au sommet de l’Etat quelqu’un qui soit assez entreprenant pour proposer des solutions, seraient-elles radicales, mais rapides, efficaces et durables. 

samedi 18 août 2012

RDC : La rébellion du M23 se dote d'une structure quasi-gouvernementale !

Le Pasteur Runiga Lugerero Jean-Marie, "Président"  

Samedi 18 août 2012. 17 heures Temps Universel. Nous venons tout juste de l'apprendre : le M23 a mis en place depuis ce vendredi 17 août 2012 une structure qui a tout l'air d'un gouvernement. On retrouve au sein de cette structure plusieurs personnalités issus du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP). Voici en entierté le Communiqué publié ce mouvement.  

"Communiqué Officiel N°0026/M23/2012

Nous, membres du Congrès du Mouvement du 23 Mars (M23 sigle) réunis en date du 17/Août/2012, en session extraordinaire ;

Considérant la décision N°001/M23/COORDO/2012 convoquant le Congrès à la majorité des trois quarts de ses membres ;

Vu les résolutions pertinentes du Congrès, ayant statué sur le seul point à l’ordre du jour, relatif à la restructuration du Mouvement, ayant mis sur pieds des Organes devant assurer la gestion quotidienne du Mouvement et ayant nommé un porte-parole pour la publication du
présent acte en la personne de Me MAHAMBA KASIWA ;

Ordonne à ce dernier de publier la décision dont voici la teneur :

Art. 1. : Président : Bishop Jean-Marie RUNIGA LUGERERO
Art. 2. Chef du haut commandement militaire : Colonel SULTANI MAKENGA
Art. 3. Secrétaire exécutif : Mr François RUCOGOZA TUYIHIMBAZE
Art. 4. Les Chefs de Départements et leurs Adjoints :

1. Département des affaires politiques et administration du territoire : Mr SENDUGU  MUSEVENI,
2. Département des relations extérieures et de la coopération régionale : Me René ABANDI MUNYARUGERERO,
3. Département des affaires sociales et humanitaires : Dr Alexis KASANZU
4. Département des Finances, Budget et Ressources Naturelles : Mr Justin GASHEMA
5. Département de l'Agriculture, Pêche et Élevage, Mr Déogratias : NZABIRINDA NTAMBARA
6. Département de la Justice et des droits humains : Me Antoine MAHAMBA KASIWA
7. Département de la Réconciliation et de l'Unité Nationale : Mr Jean Serge KAMBASU NGEVE
8. Département de Rapatriement des refugies et réinsertion des déplacés internes : Ir. Benjamin MBONIMPA
9. Département du Tourisme, Environnement et Conservation de la Nature : Prof Stanislas BALEKE
10.Département de la Jeunesse, Sport et Loisirs : Mr. Ali MUSAGARA

A.    Chefs de Département Adjoint

1. Département des Affaires Politiques et Administration du Territoire :
- Mr Erasto BAHATI
- Mr Deo KAMARI
2. Département des Affaires Sociales et Humanitaires : Mr. Dieudonné NSENGIYUNVA  UWIZEYE,
3. Département des Finances, Budget et Ressources Naturelles :
- Mr. Castro MBERA
- Mr. Ephrem BWISHE
4. Département de l'Agriculture, Pêche et Élevage : Dr Oscar BALINDA,
5. Département de justice et droit humains : Me Jean MUHIRE,
6. Département de la Réconciliation et de l'Unité Nationale : Mr Fred NSHIZIRUNGU,
7. Département de Rapatriement des Refugiés et Réinsertion des Déplacés Internes : Mr BUREGEYA,
8. Département du Tourisme, Environnement, et Conservation de la Nature : Mr Eugene RWABUHIHI,
9. Département de la Jeunesse, Sport et Loisirs : Ir. Paulin BALYAMWABO,
10.Département de la Communication, Presse et Media : Mr Amani KABASHA.

B.    Départements à pourvoir

1. Département des Affaires Etrangères et Coopération Régionale
2. Département de la Sécurité Publique
3. Département des Infrastructures et Travaux Publiques
4. Département du Genre, Femme et Famille
5. Département de l'Education
6. Département de la Santé
7. Département du Commerce et Industries

Fait à Bunagana, le 17 Août 2012

Le Chef de Département de la Justice et des Droits Humains
Me MAHAMBA KASIWA"



Cette annonce vient quelques jours après que la société civile et les autorités provinciales du Nord-Kivu aient fait état de l'observation d'un mouvement accentué de troupes et d'équipements militaires dans le territoire de Rutshuru, et accusé le Rwanda et l'Ouganda de renforcer le M23 "en prévision de nouvelles offensives". Visiblement, le M23 ne se donne aucune limite pour narguer les autorités congolaises. D'autres détails et analyses dans les prochaines heures. 

jeudi 16 août 2012

Insécurité à l’Est de la RDC : comme si Kinshasa n’avait rien appris de ses erreurs…

L’insécurité qui sévit actuellement à l’Est de la République Démocratique du Congo est le résultat d’une suite d’erreurs et de maladresses commises par les gouvernements successifs à Kinshasa, depuis l’époque de Mobutu : d’abord la mauvaise gestion des crises identitaires dans cette partie de la République (en particulier la question des Congolais d’expression Kinyarwanda, et des Tutsi plus particulièrement) ; ensuite l’entrée massive et permissive sur le territoire du Zaïre de l’époque des ex Forces armées rwandaises et des Interahamwe, avec leurs armes et munitions ; et enfin – comble des bêtises – l'intégration au sein des Forces Armées de la RDC (les FARDC) des miliciens issus d’une multitude de rébellions et de groupuscules armés, à travers des procédés ridicules comme le « brassage », « mixage », et que sais-je encore…

Au premier plan, le Général Bosco Ntaganda
Cette intégration qui s’est accompagnée de l’octroi désordonné et irrationnel de grades à des miliciens sans aucune formation militaire classique, parfois analphabètes, selon l’unique critère de leur degré de nuisance réelle ou supposée, ou à mesure de leur barbarie. Dans le cas des miliciens du CNDP dont l’actuel soi-disant Mouvement du 23 mars n’est que la régénérescence, les unités « intégrées » ont gardé une large autonomie à la fois financière (avec des réseaux d’exploitation de ressources minières et des recettes générées par des administrations parallèles dans leurs anciens fiefs) et de commandement. Elles ont été déployées dans les zones où elles ont éclos et sévi, et les crimes qu’elles avaient commis, y compris des crimes internationaux, sont restés impunis « au nom de la paix ».

Cet état des choses peut trouver diverses explications de tous ordres, mais les plus importantes me semblent être au nombre de trois, mais elles sont très imbriquées l’une l’autre :
1°.    La mauvaise gouvernance, les atteintes à la démocratie et le non-respect des engagements, ce qui donne souvent aux revendications des groupes armés une certaine légitimité, ne serait-ce qu’en apparence ;
2°.    L’incapacité des gouvernants, en tous temps, de faire un diagnostic des racines du problème afin d’y apporter les remèdes les mieux appropriés et qui soient pérennes ;
3°.    Et enfin la mauvaise négociation de la paix – qui est elle-même due à plusieurs facteurs dont l’incapacité d’anticiper ou prévenir les problèmes, le manque de maîtrise des enjeux nationaux et régionaux, voire internationaux, le report des solutions durables car difficiles (tentation de la facilité et vision court-termiste des choses), la faiblesse de l’armée ou du gouvernement, etc.          

Avec le M23, c’est reparti les erreurs !

Face à la crise sécuritaire générée par le M23, le gouvernement congolais ne semble pas avoir tiré quelque leçon que ce soit de ses erreurs du passé. Pour commencer, entre autres faits, il a obstinément refusé d’arrêter Bosco Ntaganda et de le transférer à la Cour pénale internationale où il est recherché depuis 2006 ; il l’a au contraire gratifié d’un grade d’officier de haut rang au sein des FARDC, ainsi que d’une fonction dans son fief du Kivu, au commandement de ses loyaux soldats et frères du CNDP. Il a géré avec beaucoup de légèreté l’affaire Laurent Nkunda, dont il disait pourtant vouloir l’extradition. Au début de la guerre, alors que tous les signaux étaient portés au rouge par les acteurs de la société civile, le gouvernement a minimisé, tenté de boucher les yeux et les oreilles : il parlait d’une vulgaire indiscipline de quelques officiers des FARDC, puis d’une mutinerie qui allait être vite maîtrisée, ... Et enfin, lorsque Human Rights Watch et la MONUSCO ont évoqué le soutien du Rwanda à cette « mutinerie », le gouvernement a mis des semaines avant de l’admettre. Il paraît que c’est sa stratégie à lui, la façon de faire d’un « gouvernement responsable », d’après son tonitruant porte-parole…  N’est-ce pas de bon aloi pour un fainéant de proclamer que son choix est de ne pas être brave !

Soldats de la MONUSCO embarquant
à bord d'un hélicoptère
A présent, le pire est entrain d’être commis avec l’idée aussi fantastique qu’insensée de mettre en place une « force internationale neutre » qui mettrait fin à la rébellion du M23 ainsi qu’à tous les autres groupes armés qui pullulent à l’Est de la RDC. Erreur dans la conception-même de l’idée, dans sa mise en œuvre, et dans les résultats qu’on dit en attendre.

En effet, le gouvernement congolais clame haut et fort que le M23 n’est autre chose que la manifestation d’une Nième agression étrangère (rwandaise spécialement, mais aussi ougandaise), et que la RDC est victime d’un complot ourdi de balkanisation, de pillage de ses ressources, et que sais-je encore. Il s’appuie pour ce faire sur le rapport du panel des experts des Nations Unies ainsi que sur différents rapports des organisations de la société civile. Même si la communauté internationale ne semble pas approuver la thèse d’un quelconque projet de balkanisation ou d’annexion, elle a néanmoins reconnu plus ou moins explicitement l’implication du Rwanda dans cette rébellion, et certains pays ont posé des gestes concrets dans le sens de décourager les ardeurs du Rwanda.

En même temps, pourtant, Joseph Kabila et son gouvernement semblent comme obsédés par la volonté de collaborer coûte que coûte avec leurs agresseurs désignés pour juguler la rébellion qu’ils sont censés soutenir : A Addis-Abeba c’étaient Kabila et Kagame pour entériner la décision de déployer une « force internationale neutre »à l’Est de la RDC ; à Kampala, c’étaient encore eux, sous l’égide d’un certain Yoweri Museveni, pour discuter de la matérialisation de leur absurde projet ; à Goma, c’est Kabarebe et ses collègues ougandais, congolais et autres qui discutent de l’opérationnalisation de la fameuse force. Et alors que le Rwanda est farouchement opposé à ce que MONUSCO fasse office de cette force neutre, ou même à ce qu’elle y participe, le Secrétaire Exécutif de la CIRGL, Monsieur Ntumba Luaba (un Congolais !) a annoncé hier qu’il avait été acquis que la « force internationale neutre » serait composée essentiellement de pays des grands-lacs et de pays africains. Probablement une manière de préparer l’opinion à s’accommoder déjà à l’adoption des desiderata du Rwanda qui allaient plutôt dans ce sens.

Incohérences et illogismes

Militaires rwandais et congolais
lors de la clôture des opérations Umoja Wetu en 2009
La RDC est le seul Etat du monde qui formule à l’endroit d’un autre Etat des accusations aussi graves que celles d’agression (« Nième agression » !) et de d’une « tentative de balkanisation », mais maintient intacts ses relations diplomatiques avec cet Etat. A Kinshasa on a beau tirer à boulets rouges sur le Rwanda, sur Kagame, …le drapeau rwandais flotte encore ostensiblement à Gombe, et celui de la RDC à Kiyovu. Et le Rwanda ose presque montrer à la RDC les choix à faire et ceux à éviter. C’est un peu comme loger votre ennemi dans votre chambre, manger à la même table que lui, et même lui demander où et comment il accepterait que vous le frappiez, pendant que lui fait tout à sa guise...    

Mais bon sang ! Y a-t-il quelque logique dans tout ceci ? Ou bien est-ce moi qui ne suis pas assez…politiquement mature pour comprendre ! En premier lieu, c’est la RDC qui est attaquée (par des Congolais ou des étrangers, peu importe) : c’est son intégrité territoriale et sa souveraineté qui sont en jeu. Ce qui signifie qu’il revient avant tout aux Congolais de se défendre de la meilleure manière qu’il leur convient. En second lieu, officiellement, le Rwanda (et l’Ouganda) ne sont pas parties à ce conflit « congolo-congolais » : en tout cas ces pays ne sont pas officiellement en guerre contre la RDC. Dès lors, pourquoi une « force neutre » ? Les FARDC ne sont pas pour le moment à mesure de mettre fin à cette rébellion. Mais si elles l’avaient été, auraient-elles eu besoin d’être neutres ? Je ne le pense pas.

La RDC a une intégrité et une souveraineté à défendre, et elle est libre de faire recours à qui elle veut ; d’utiliser tous les moyens possibles (dans les seules limites définies par le droit international) pour arriver à ses fins. La RDC n’a pas à quémander la permission de ses voisins (ni celle de toute autre puissance) ; elle n’a pas besoin de se plier à leurs caprices, surtout lorsque ces voisins sont aussi ses agresseurs, réels ou présumés. Ce dont la RDC a besoin, c’est d’un engagement quelconque mais loyal à ses côtés (non pas un engagement neutre, cela n’a aucun sens en l’espèce) ; c’est d’un appui humain, logistique, matériel et technique l’aider à en terminer une fois pour toutes avec cette sinistre aventure.    

Mais à Kinshasa, a-t-on une tête pour penser, ou des oreilles pour entendre ?   

Des personnalités politiques congolaises (parlementaires de la majorité comme ceux de l’opposition, présidents de formations politiques, …), des diplomates, des personnalités de la société civile, et même certains membres du gouvernement sont opposés à la manière dont le gouvernement se comporte face à la problématique M23, et sceptiques quant à l’efficacité de l’option d’une « force internationale neutre ». Les plus courageux d’entre eux le disent ouvertement, et certains (plus rares, c’est vrai) vont jusqu’à proposer des solutions alternatives concrètes.

La manifestation des jeunes mercredi à Goma, quoiqu’isolée, est elle-aussi symptomatique de l’opposition  de l’opinion publique à cette perspective. Pourtant le gouvernement s’entête. Entre temps des sources de la société civile à Rutshuru font état de nouvelles incursions rwandaises « pour renforcer le M23 ». Les déplacés de guerre entassés près de Goma vivent dans des conditions inhumaines, malgré les promesses de la CIRGL (et de l’Ouganda, comble d’ironie !) de leur venir en aide.

Qui est-ce qui gagne de ce temps qui court ? Bien malin serait qui répondrait que c’est la RDC…   

Quelle issue ?

Il y a quelques jours, sur ce blog, j’avais formulé quelques propositions comme solution alternative à l’option d’une « force internationale neutre » (voir http://congo-revolution.blogspot.com/2012/08/kampala-de-la-bassesse-au-sommet.html ). Je les crois toujours valables, bien que certainement imparfaites. Un parlementaire qui fait partie d’un panel de 11 députés nationaux élus du Nord-Kivu et chargés par le Bureau de l’assemblée nationale de suivre la question m’a soufflé qu’ils abondaient dans le même sens, à ceci près que pour eux la RDC devrait faire recours à un seul pays, au lieu de deux ou plusieurs, pour une meilleure coordination, et pour éviter la cacophonie comme celle qui avait failli enliser les militaires zimbabwéens engagés contre la rébellion du RCD. Ce qui me semble pertinent. Pourvu qu’au gouvernement, et surtout à la tête de l’exécutif, quelqu’un veuille bien les suivre !
Prêtres et acolytes catholiques lors
de la Marche des Chrétiens en juillet 2012

C’est des idées qui peuvent être mûries par des spécialistes, et être mises en œuvre rapidement. La RDC devrait geler carrément les discussions en court au niveau de la CIRGL, car aboutiront au mieux au report de la solution, au pire à l’enlisement de la crise. Elle devrait ensuite inviter les personnes qui ont des propositions alternatives et s’asseoir avec eux autour d’une table pour en choisir les meilleures (en termes d’efficacité et de réalisme), avant de chercher l’expertise nécessaire pour planifier leur opérationnalisation.

La solution définitive et durable à cette crise ne sera ni régionale, ni internationale : elle sera congolaise, ou elle ne sera pas du tout. En reprenant ses responsabilités (ce qui ne me semble pas être le cas actuellement), le gouvernement congolais gagnera confiance, considération et respect, et rétablira la souveraineté bafouée de ce grand pays.

Joseph Kabila a encore le temps et les moyens d’éviter à la RDC le scénario malien, qui lui serait défavorable à lui, et à tous les congolais d’ailleurs. J’espère de tout cœur qu’il entendra raison avant qu’il ne soit trop tard !     

Est de la RDC : des jeunes intellectuels se mobilisent contre le projet de la « Force internationale neutre »

Une quarantaine de jeunes intellectuels congolais ont manifesté ce mercredi 15 août devant l’hôtel IHUSI de Goma où se tenait la réunion du fameux Sous-Comité des ministres de la défense des Etats Membres de la CIRGL (la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) qui doit notamment « proposer des éléments précis sur l’opérationnalisation de la Force internationale neutre ».

L’objectif de ces jeunes était de marquer leur ferme opposition au déploiement d’une Nième « force internationale » à l’Est de la RDC, de dénoncer l’impasse qui s’observe dans la l’éradication définitive des rébellions récurrentes aux Kivu, et de dire leur ras-le-bol face aux tergiversations de leur gouvernement qui n’arrive pas à trouver une solution claire et durable à l’actuelle crise sécuritaire générée par le « sinistre M23 ».     

Les mains liées en signé de non-violence, ces jeunes arboraient des affiches (suspendues à leur cou) sur lesquelles on pouvait lire, notamment :

« Nous attendons la paix, nous voulons des solutions et pas de demi-mesures ou des excuses ».

« Six millions de morts, soit trente millions de litres de sang des congolais versé gratuitement et injustement, c’en est trop ».

« Non à une force internationale de trop, OUI AU RENFORCEMENT DES CAPACITES DES FARDC ET AU CHANGEMENT DU MANDAT DE LA MONUSCO (…) ».

« Faites vite, nous voulons regagner nos villages et nos territoires car nos champs nous y attendent ».

« Deux décennies de conférence en conférence, des rencontres en rencontres, de négociations en négociations. A quand la paix effective à l’Est de la RDC ? »

« Communauté internationale, à quoi sert le fameux Chapitre VII ?»


Une action lourde de sens  

C’est la première fois dans l’histoire du Nord-Kivu qu’on voit des jeunes intellectuels se mobiliser et manifester pacifiquement leur opposition, leur indignation, tout en proposant la meilleure solution à leurs yeux sur un sujet aussi sensible que celui de la rébellion du M23. Un important dispositif sécuritaire était déployé autour de l’hôtel IHUSI, pourtant ils ont pu arriver jusqu’à l’entrée de l’hôtel sans que les militaires ne se rendent compte que c’étaient des manifestants. Par la suite, la police a essayé de les chasser brutalement des lieux, mais elle n’a pas réussi. On aurait pu les arrêter, les disperser à coup de bâtons (ou de balles !), … Mais peut-être est-ce la magie de la non-violence qui a fonctionné ! En tout cas, la manifestation s’est tenue comme prévu, et le message que ces braves jeunes voulaient faire passer est arrivé aux oreilles des destinataires.

Vous vous posez sans doute la question de savoir ce que cela peut bien faire pour le gouvernement congolais ou pour la CIRGL que quelques dizaines de jeunes manifestent publiquement leur opposition à leur plan ? Que ces jeunes soient quelques dizaines ou des milliers ; que leur action ait ou non quelque influence sur les décisions des politiques ; là n’est pas la question. L’essentiel est dans la symbolique d’un éveil de la conscience et d’une veille citoyenne qui se raffermissent parmi les jeunes congolais – et pas n’importe lesquels : des jeunes instruits. Une véritable révolte constructive, résultante d’un ras-le-bol évident et prévisible de la part de l’élite juvénile congolaise, est entrain de d’émerger : c’est une bonne nouvelle pour ceux qui croient et se consacrent  honnêtement à l’avènement de la paix durable et de la résilience en République Démocratique du Congo, tandis que c’est la perspective la plus redoutable et la plus inattendue pour ceux qui, au Congo ou à l’étranger, ne souhaitent pas voir poindre à l’orient congolais le soleil d’un tel jour de gloire…

En fin de compte, la jeunesse commence à oser défier la peur, la violence et les intimidations de ceux qui préféreraient guider la RDC là où bon leur semble, et c’est déjà ça de gagné. Demain, qui sait, ce seront peut-être des centaines de jeunes congolais, puis des milliers et des millions qui diront non aux politiques machiavéliques ; qui dénonceront les coupables légèretés ; qui démasqueront les complicités dans la décadence de la Nation ; qui proposeront des solutions, même radicales, mais efficaces ; qui refuseront de demeurer les otages d’une classe politique défaillante ; qui cesseront de s’apitoyer sur leur sort ou de se plaindre, et qui prendront les choses en mains, tout simplement …        
  

vendredi 10 août 2012

Kampala, de la bassesse au Sommet ! Pourquoi l'idée d'une "Force internationale neutre" ne tient pas la route


De gauche à droite: P. Kagame, M. Kikwete, M. Kaguta et J. Kabila.
Photo radiookapi.net
Comme on pouvait s’y attendre, le « Sommet » de Kampala de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) de ces 7 et 8 août 2012 n’a abouti sur aucune avancée concrète en termes de solution – ou même de début de solution – à l’épineuse problématique de la rébellion du « Mouvement du 23 mars » à la base d’une grave crise sécuritaire à l’Est de la RDC depuis plusieurs mois maintenant.

Les chefs d’Etats et de gouvernements de la CIRGL se réunissaient à Kampala consécutivement à un autre « sommet », d’Addis-Abeba celui-là, au cours duquel il avait été arrêté le principe de l’envoi à l’Est de la RDC d’une « Force internationale neutre » qui serait chargée d’éradiquer le M23 et les FDLR, entre autres « forces négatives », et de surveiller la frontière commune entre la RDC et le Rwanda.

La rencontre de Kampala qui se déroulait après celle des Ministres de la Défense de la CIRGL tenue à Khartoum la semaine dernière devait déterminer les modalités de la mise en place et du déploiement de cette Force « neutre » : composition, termes précis et durée du mandat, pays fournisseurs de troupes, financement, etc. Une autre rencontre regroupant les ministres de la Défense et des affaires étrangères a par ailleurs précédé celle des Chefs d’Etats, à Kampala même, le lundi 6 août. Sur les onze pays membres de la CIRGL, seuls quatre étaient représentés au plus haut niveau à Kampala, à savoir la RD Congo, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie.

Une partie de loisir pour les Quatre, ou un affront diplomatique pour la RDC ?

P. Kagame et J. Kabila.
Photo radiookapi.net
Les photos des Quatre K : Kabila, Kagame, Kaguta et Kikwete, costumes impeccables et large sourire aux lèvres, tels de grands PDG venant de conclure ensemble une grosse affaire, ont fait la une des médias. Même le premier – Kabila – dont le pays est concerné au premier plan par la situation créée par ce très ambiguë M23… Même lui faisait apparaître une joie innocente à faire pâlir d’envie ses compatriotes en villégiature (?) forcée à Kibati et Kanyarucinya.    





Nos Quatre Braves ont décidé de ne pas décider du tout, mais de confier plutôt la tâche à leurs ministres de la défense. « Nous allons nous revoir dans quatre semaines pour apprécier ce que les ministres auront fait, et la suite on verra… »  Quatre semaines ce n’est pas bien trop, après tout, surtout lorsqu’on dort à la belle étoile, affamé et assoiffé, puisque dans ces conditions c’est à peine si l’on voit passer les jours !

Les larmes et le désarroi de ce pauvre enfant déplacé de guerre
contraste avec le sourire insouciant arboré
 par son gardien de Président
Photo J. Mobert (le 29 août 2012. Camp de Kanyaruchinya)
Enfin, bref ! Le sommet a été une pure bassesse ; du temps et de l’argent perdus ; une illusion d’espoir avortée pour les Congolais (toujours naïfs ?) qui avaient placé quelque espoir en cette Force-à-tout-résoudre.
Les choses se sont achoppées au niveau de la configuration et de la composition de cette soi-disant Force internationale neutre : le Rwanda de Kagame voudrait d’une Force composée de militaires des pays de la région. Surtout, il est hostile à toute implication de la MONUSCO (la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation de la RD Congo) qu’il accuse de n’avoir pas pu apporter la paix en RD Congo en plus de dix ans de présence, malgré ses 19 000 hommes et son budget annuel d’un milliard de dollars, et de n’être pas neutre (notamment suite au rapport de la MONUSCO faisant état du soutien militaire du Rwanda à la rébellion du M23).

La RD Congo a eu bon, semble-t-il, bénéficier du soutien politique de la plupart des pays membres de la CIRGL, elle n’a pas réussi à infléchir la position du Rwanda. Le prochain sommet qui est annoncé pour la mi-septembre risque de tourner court, lui aussi, à moins que la RD Congo ne concède à la volonté affichée du Rwanda d’exclure la MONUSCO de ce processus.

Un jeu faussé à l’avance

L’échec du sommet de Kampala ne me surprend guère, tant il me semble que dès le départ, la RD Congo ne maîtrisait pas le jeu dans lequel il s’entraîne. Cela se vérifie à au moins deux niveaux.  
D’abord celui de l’idée-même de déployer une Force internationale « neutre » au Nord-Kivu ; ensuite, et à supposer que cette idée soit acceptable, celui du choix des interlocuteurs et/ou du facilitateur pour sa matérialisation.

A.      Du point de vue du principe de mettre en place une Force internationale « neutre » pour rétablir la sécurité à l’Est de la RDC (en éradiquant les groupes rebelles dont le M23 et les FDLR) et de surveiller la frontière entre la RDC et le Rwanda : dans le contexte actuel de la RDC et de la sous-région, l’idée me paraît non seulement irréfléchie, mais aussi contre-productive pour la paix et la sécurité durables ainsi que le développement de la RDC, et cela pour diverses raisons, dont voici les principales :

-          De par le droit international, la RDC en tant qu’Etat souverain et indépendant n’avait et n’a pas besoin de consulter d’autres Etats ou quelque organisation internationale, et encore moins ses prétendus agresseurs (en l’occurrence le Rwanda et l’Ouganda) pour mobiliser une Force (internationale, bilatérale, tierce) censée l’aider à mettre fin à une insurrection (ou une rébellion, peu importe) qui sévit sur son territoire, et qui est « menée par ses propres ressortissants ».  Le Rwanda prétend qu’il n’est pour rien dans ce qui se passe à l’Est de la RDC, et que c’est un problème congolo-congolais. L’Ouganda affirme la même chose. Que cela soit vrai ou faux, ça ne change rien au fait que la paix et la sécurité de la RDC sont perturbées, et que son gouvernement a le droit et l’obligation de les rétablir. Il appartenait donc à la RDC de décider de la façon dont elle règle le problème, des moyens qu’elle met en œuvre, des personnes qu’elle associe, etc. Ce serait alors au Rwanda et à l’Ouganda de rester neutre comme ils le prétendent, en se contentant de surveiller, à partir de leur territoire, leurs frontières respectives au cas où un rebelle traqué de l’autre côté voudrait les embêter.

-          Pourquoi « neutre » ? Si la RDC recourt à une puissance amie ou à une organisation internationale pour l’aider à juguler un problème qui lui est prétendument interne, la force qu’on lui prêterait a-t-elle à être neutre ? Neutre par rapport à quelles parties, puisque le territoire est le sien, et ses voisins assurent qu’ils n’y sont pour rien ? A mon avis,  cette force doit être tout sauf neutre : elle doit être du côté de ceux qui l’ont invitée ; ceux dont la paix et la sécurité sont perturbées ; en l’occurrence, la RDC. Ce ne peut être qu’une force d’appui à la force nationale (les FARDC) qui, pour des raisons je suppose réelles et involontaires d’insuffisance de moyens, n’est pas arrivée à faire face seule à la rébellion. Sinon, si les FARDC étaient assez fortes pour battre seules le M23 et éradiquer les FDLR, leur demanderait-on à elles aussi d’être neutres ? Non, elles ont un parti pris, un camp : c’est la RDC.

-          Il y a en RDC une Force internationale qui s’appelle MONUSCO. Elle est sous mandat des Nations-Unies dont le Rwanda lui-même est membre (soit dit en passant, si le Rwanda trouve l’ONU si médiocre et si inutile, pourquoi il ne s’en retire pas carrément ? Il en a le droit). La MONUSCO est forte de presque 20 000 hommes dont la plupart sont déployés aux Kivu, et dispose de moyens matériels et techniques suffisants, en plus de sa connaissance de la RDC. Pourrait-il y avoir force internationale (théoriquement) plus efficace et plus persuasive ? Je ne pense pas.

-          En pratique, les opérations UMOJA WETU co-planifiées et exécutées par les armées congolaise et rwandaise en 2009 n’ont pas produit les résultats escomptés, ce qui explique que l’on parle encore aujourd’hui des FDLR qu’elles étaient censées éradiquer définitivement. Leur impact a même été jugé contre-productif par de nombreuses organisations de la société civile. La Force internationale (ou « régionale ») serait-elle plus prolifique ? Répondre par l’affirmative relèverait de la pure spéculation.

B.      Du point de vue du choix par la RDC de ses interlocuteurs/facilitateurs dans cette crise :

-          Je relève que la diplomatie congolaise a commencé par crier partout que le pays était agressé ; que la communauté internationale devait demander au Rwanda de cesser son soutien au M23 ; etc. Sa voix a peut-être été entendue, et on a vu certaines puissances occidentales poser des gestes d’une apparente rigueur à l’égard du Rwanda. Elles ont suspendu leur aide à ce pays (pour combien de temps ? Sont-ce des gestes sincères ? Je n’ose savoir). Mais ces résultats de ce que j’appellerais la diplomatie du perroquet ont eu quel effet réel sur la situation sécuritaire et humanitaire dans le Rutshuru, le Nyiragongo ou le Masisi ? Que piètre !

-          Par ailleurs, la RDC qui accuse le Rwanda et, à demi-mot, l’Ouganda, de soutenir la rébellion du M23, voudrait encore compter sur eux pour mettre en place une Force internationale censée mettre fin à ce que le ministre de l’information appelle « leur aventure ». Le comble, cette Force reçoit le qualificatif de « neutre ».

-          Et pour couronner le tout, Joseph Kabila trouve que le Museveni est à même, dans ces conditions, de jouer aux facilitateurs et d’être l’hôte des « sommets-de-la-solution » sous prétexte qu’il est le président en exercice de la CIRGL. Manque de discernement, d’intelligence, ou volonté d’égarer la population dans des palabres dont il connaît les tenants et les aboutissants ? J’aimerais pouvoir me répondre à moi-même !

Quelle alternative ? 

Je suis très pessimiste quant à une panacée qui tomberait hier ou demain de la CIRGL pour mettre un terme à la crise militaire à l’Est de la RDC. J’espère de tout cœur que les autorités congolaises vont avoir vite l’intelligence et la sagesse de cesser de renoncer à cette idée absurde d’une Force internationale « neutre », car même si par quelque miracle elle venait à se réaliser, elle n’est et ne sera jamais une solution efficace et durable à la problématique de la paix et de la sécurité à l’Est de la RDC.

En revanche, pour éradiquer définitivement le M23 et tous les groupes armés de son acabit sans avoir à compter sur une hypothétique Force internationale neutre, je propose aux autorités congolaises une stratégie en cinq temps successifs que voici :

1.       Demander qu’il soit créé à l’ONU un comité spécial de surveillance des frontières de l’Est de la RDC, auquel la MONUSCO peut prendre part, avec des moyens techniques conséquents, de façon à s’assurer qu’aucun pays voisin de l’Est ne fournit (plus) un soutien quelconque au M23 ou aux autres groupes rebelles : une sorte de mur virtuel étendu sur terre, sur mer et dans l’espace aérien (surveillance par drones, par satellite, …) ;

2.       S’engager solennellement, devant le peuple souverain, à entamer dans un délai raisonnable (six mois maximum) la création – je dis création, pas réforme – d’une nouvelle armée véritablement républicaine, apolitique et professionnelle ; et à procéder à des réformes  institutionnelles réelles en matière de : décentralisation, justice, partis politiques, élections, éradication de la corruption, respect des droits humains, avec un plan clair et réaliste ;

3.       Enjoindre le M23 et tous ses soutiens à déposer les armes ; poursuivre tous ceux qui ont pu commettre des crimes et mettre en garde les autres. Enjoindre tous les Hutu rwandais à déposer les armes en leur donnant la possibilité, soit de s’établir en RDC (loin de la frontière rwandaise) ou ailleurs comme réfugiés, soit de retourner volontairement  au Rwanda ;    

4.       Solliciter l’intervention des pays amis, à titre individuel, pour d’épauler militairement et matériellement les FARDC en vue de combattre tout groupe armé réfractaire et de le vaincre par la force. Passer à l’acte au plus tard le 1er octobre 2012, en cas de réticence, d’opposition ou d’entêtement par quelque groupe ou quelque personne. (L’aide militaire étrangère est ainsi un moyen transitoire car la formation d’une nouvelle armée prendra certainement du temps, or la résolution de la crise sécuritaire au Nord-Kivu est une urgence) ;  

5.       Organiser un Dialogue national inclusif apaisé sur la bonne gouvernance et le développement de la RDC, et suivre scrupuleusement les recommandations qui en sortiraient.
A mon sens, l’ensemble de cette stratégie peut être exécutée en 12 mois, hormis le processus de formation (ou création) d’une nouvelle armée qui, naturellement, peut s’étendre sur davantage de temps.